France

Le maire d'Hénin-Beaumont veut-il vraiment espionner ses employés ?

Huit caméras ont été installées en janvier dans la mairie d'Hénin-Beaumont. Selon La Voix du Nord, qui cite une source de la CGT, elles sont munies de zoom, micros et servent à espionner les employés. Le maire FN Steeve Briois contre-attaque.

La source anonyme de la CGT explique que le zoom dont sont équipées les caméras permettrait de lire les mails et SMS envoyés par les employés de la mairie. «On peut avoir un regard sur les postes de travail des agents. Le système bénéficie d’un zoom très perfectionné qui peut permettre de voir ce que l’agent tape sur son écran, voire sur son smartphone», a dit un salarié à Libération.

Selon le quotdien La Voix du Nord, qui a lancé la polémique, les huit caméras sont «gérées» par le directeur de cabinet du maire FN Steeve Briois et son directeur général des services. Aucune autorisation préfectorale n'aurait été délivrée pour l'installation de l'équipement. 

L'histoire a par ailleurs fait fureur dans la presse nationale et a été relayée par la quasi-totalité des quotidiens. «Ces discrètes caméras qui surveillent la mairie» écrit La Voix du Nord, «Big Brother à la mairie FN ?» titre Libération, «Espionnage», «surveillance» ... autant de mots qui ont encensé la polémique et braqué les caméras sur la petite commune du Nord-Pas-de-Calais de 26 000 habitants.

Le maire contre-attaque

Le maire d'Hénin-Beaumont a immédiatement démenti ces «accusations» sur sa page Facebook, appelant à la «réinformation» et s'est même livré à une distribution de tracts explicatifs de «droit de réponse» dans les rues de sa ville. Selon lui, les caméras ne sont ni des moyens de surveiller les employés, ni illégales. 

Dans un communiqué, Steeve Briois a défendu son initiative, se référant à des «vols d'archives et plusieurs effractions qui ont amené la municipalité à combler un retard de près de 20 ans par rapport aux normes de sécurité».

Au mot accusateur de «vidéo-surveillance», le maire de la commune préfère celui de «vidéo-protetction». En effet, «par des temps de terrorisme meurtrier, ce dispositif a été placé pour sécuriser les agents municipaux et certainement pas pour les surveiller», affirme le communiqué.

Mais René Gobert, le délégué CGT dit ne pas être dupe : «La mairie d’Hénin-Beaumont, ce n’est pas le Bataclan ! Est-ce qu’elles sont équipées de zoom ? De son ? Est-ce que les images arrivent sur l’écran du maire ?», s'est-il offusqué.

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Ce n'est par ailleurs, pas la première fois que La Voix du Nord s'en prend au Front national. Le 1er décembre 2015, le quotidien nordiste se disait particulièrement «inquiet d'une victoire de Marine Le pen aux régionales» appelait ouvertement les électeurs de la région du Nord-Pas-de-Calais, où les scores frontistes sont régulièrement élevés, à «l’ouverture au monde et non le repli sur soi, l’entrée dans la compétition plutôt que le protectionnisme».

A l'issue de l'élection, Marine Le Pen était finalement arrivée en deuxième position avec 42% des suffrages, derrière l'Union de la Droite de Xavier Bertrand (58%). Au niveau national, le Front national n'avait remporté aucune région.