Arrivé sur le plateau, l'homme a été présenté comme étant «le président de l'assemblée des musulmans de Corse». Sauf que Rachid Birbach est en effet un imposteur qui s'est déjà fait passé en 2013 pour l'imam d'Auxerre assurant vouloir organiser une «conférence d'amitié judéo-musulmane» en présence notamment du président du conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de l'époque, Richard Prasquier», affirme Le Figaro.
A l'époque, les vrais responsables de la mosquée d’Auxerre avaient publié un communiqué dénonçant les pratiques douteuses et mensongères de Rachid Birbach qu'ils avaient d'ailleurs menacé de poursuites judiciaires. Le communiqué qualifiait par ailleurs Rachid Birbach de «nouveau chouchou du CRIF» déplorant une grande place donnée à la politique, notamment pro-israélienne dans ses discours, ce qui n'est à priori pas le devoir d'un imam.
Un imposteur étrangement proche des positions et organisations israéliennes
En août 2014, le Huffington Post avait déjà remarqué cet étrange personnage au discours souvent double et contradictoire. Par exemple, il a déjà tenu par le passé de nombreux discours reprenant la ligne idéologique israélienne, notamment en ce qui concerne les bombardements de Gaza. L'homme a par exemple plus d'une fois martelé que le Hamas utilisait les palestiniens comme boucliers humains lors des bombardements sur Gaza, selon le Huff Post.
Plusieurs posts sont également apparus sur la toile montrant notamment Rachid Birbach aux côtés de personnalités telles que la journaliste controversée Caroline Fourest, l'écrivain Marek Halter ou l'actuel président du CRIF Roger Cukierman.
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Sur le plateau de la chaîne nationale France 3 dimanche 27 décembre, celui qui apparaissait désormais en tant que réprésentant des musulmans de Corse (et non plus comme imam d'Auxerre...) et censé ainsi avoir une légitimité à parler de la situation actuelle sur l'île, s'est subitement mis à accuser le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), notamment son président sortant Dalil Boubakeur, ainsi que l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) d'avoir été à l'origine des tensions récentes entre la population corse et les musulmans résident sur l'île de beauté.
«Il [Dalil Boubakeur] a voulu remplacer les église par des mosquées et enlever les clochers des églises», a martelé Rachid Birbach, ajoutant que «ces gens-là (CFCM), ils ne veulent que l'argent ; ils ne sont pas là pour faire un suivi éducatif ni quoi que ce soit». L'homme a par la suite annoncé qu'il allait organiser le janvier prochain «une réunion à Ajaccio avec les présidents des mosquées».
Par ailleurs, ce que Rachid Birbach a solennellement appelé «Assemblée des musulmans de Corse» est en fait seulement une association et non une entité religieuse. Son vrai président, Mouloud Mesghati, a affirmé d'ailleurs connaître l'imposteur qui aurait voulu «faire une association avec [moi] en disant qu'il connaissait Sarkozy et Hollande», explique Le Figaro.
Birbach serait venu plusieurs fois en corse entre juillet et octobre pour essayer de rassembler des mosquées, mais ne connaissant pas l'île, il se serait vu rejeter «par tout le monde».
Reste à savoir, comment cet étrange personnage qui tente depuis plusieurs années de se faire passer pour une figure importante de la communauté musulmane en France ait pu se retrouver sur une chaîne nationale à une heure de grande audience.
France 3 a expliqué que l'invité avait été recommandé par l'imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, tandis que l'Express affirme que face au tollé suscité, la présidence de France Télévision aurait sommé d'annuler le journal télévisé du jour qui contenait entre autre l'interview de Rachid Birbach.
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