En France, le bilan dressé par la Cour des comptes sur les cités éducatives, destinées à améliorer la prise en charge des jeunes dans les QPV, met en lumière des faiblesses structurelles telles que les inégalités budgétaires, un manque de coordination nationale ou encore l’absence d’évaluation harmonisée, risquant de limiter l’efficacité du dispositif.
La Cour estime que l’année 2026 sera un « moment clé pour tester leur pérennité ».
Un déploiement ambitieux mais inégal
Lancé en 2019, le programme des cités éducatives vise à créer des alliances éducatives dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), ciblant les jeunes de 0 à 25 ans face aux difficultés scolaires et d’insertion. Piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), il associe préfecture, éducation nationale et commune dans une « troïka » pour coordonner les actions existantes plutôt que d’en créer de nouvelles.
Étendu de 80 territoires pilotes à 210 en 2023, touchant 2,6 millions d’habitants, il bénéficie d’un budget annuel de 135 millions d’euros, avec une labellisation de 40 cités supplémentaires annoncée en mai 2025 dans un contexte d’aggravation des violences en milieu scolaire. La Cour des comptes salue la favorisation de coopérations locales et l’intégration de l’éducation nationale, mais note que le succès dépend du contexte territorial. Des risques persistent, comme la substitution aux crédits de droit commun ou des dysfonctionnements dus à un engagement local variable. Le programme repose par ailleurs trop sur les agents territoriaux, avec des ressources centrales sous-mobilisées.
Le calendrier accéléré et la complexité des dispositifs nationaux affaiblissent le pilotage interministériel, limitant l’efficacité sans renforcement. En 2024, les dotations représentent 15 % du budget de la politique de la ville, mais leur attribution, initialement expérimentale, montre de fortes disparités ne reflétant pas toujours les besoins des populations les plus vulnérables. L’absence d’évaluation harmonisée empêche d’adapter les financements pour promouvoir l’innovation et mobiliser le droit commun. Aucune remise en cause du label ou des dotations n’est prévue, et l’accompagnement national, jugé satisfaisant, pourrait, selon la Cour, mieux soutenir les déploiements locaux.