Le scandale Shein culmine avec une double offensive française : suspension immédiate du site en France et demande urgente de sanctions à la Commission européenne. Ces actions, motivées par des infractions graves à la loi, visent à contraindre la fast-fashion chinoise à respecter les normes européennes sur la sécurité et la protection des mineurs.
Le 5 novembre 2025, peu après l’ouverture de son premier magasin au BHV Marais, Shein subit un coup dur. Sur ordre du Premier ministre Sébastien Lecornu, Bercy lance une « procédure de suspension » du site fr.shein.com, bloquant ventes et livraisons. Basée sur la loi pour la confiance dans l’économie numérique, elle cible les « graves dommages à l’ordre public ». Une enquête du parquet de Paris, confiée à l’Office des mineurs, vise la vente de poupées sexuelles pédopornographiques, également présentes sur d’autres plateformes.
Le député LR Antoine Vermorel-Marques, en pointe contre la plateforme, dénonçait quelques heures plus tôt à l’Assemblée : « Nous sommes passés de la fast-fashion au fast-crime », évoquant la présence d’armes de catégorie A – machettes, poings américains – sur le site.
Si des produits illicites persistent au-delà de 48 heures, une réquisition numérique entraînera la fermeture de l’accès. Par ailleurs, le gouvernement en appelle désormais à l’Union européenne. Le 6 novembre, Roland Lescure, ministre de l’Économie, et Anne Le Hénaff, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, ont écrit à Bruxelles pour réclamer des « mesures provisoires » via le DSA.
Ce règlement sanctionne les très grandes plateformes en ligne, dites « VLOP », comme Shein, pouvant aller jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial ou à l’exclusion du marché européen, pour manquements liés à la protection des mineurs, aux contenus illicites ou à la traçabilité des vendeurs.
Une proposition de résolution européenne transpartisane, déposée par Olivia Grégoire, ancienne ministre et actuelle députée Renaissance, suggère une telle régulation au niveau communautaire.
Le sujet semble offrir au gouvernement une pause en pleine tempête budgétaire, l’ensemble des forces politiques se prononçant en faveur d’une plus grande régulation des plateformes étrangères. Et, alors que des juristes alertent sur les risques de contournement du DSA, la France, avec 4,4 millions de visites quotidiennes pour le seul site de Shein, mise sur une sanction rapide, comme cela avait été le cas pour le site Wish en 2021.