France

Crise politique en France : le gouvernement Lecornu II échappe à la censure à 18 voix près

La motion de censure déposée par La France insoumise a été rejetée ce 16 octobre. 271 députés ont voté en faveur du texte, passant à quelques voix des 289 requises. La motion du Rassemblement national doit suivre, mais a moins de chances d'aboutir.

« Majorité requise pour l’adoption de la motion de censure, soit la majorité absolue des membres composants l’Assemblée – 289 –, pour l’adoption – 271 –, la majorité requise n’étant pas atteinte la motion de censure n’est pas adoptée ». Par ces mots, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a annoncé ce 16 octobre le rejet de la motion de censure portée par La France insoumise (LFI), un peu plus d’un mois après la chute du gouvernement de François Bayrou.

Cette issue était pressentie par une grande partie des observateurs politiques, qui estimaient qu’il allait manquer environ une vingtaine de voix afin d’atteindre la majorité pour faire tomber le gouvernement Lecornu II. «Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", avait estimé Marine Le Pen le 15 octobre, qui va défendre la motion de censure de son groupe et de ses alliés ciottistes, mise au vote dans la foulée. Une motion de censure qui donne lieu à beaucoup moins de suspense, la gauche ayant annoncé qu'elle ne la voterait pas.

« Il n’y a qu’une solution, c’est la censure », estime le RN

« Depuis quelques jours on connaît le budget, c’est un budget qui va augmenter de 19 milliards les impôts, qui va appauvrir toutes les classes de la société, avec la désindexation des retraites, avec l’augmentation de l’impôt sur le revenu, où encore des jeunes qui sont en apprentissage », a déclaré à la chaîne LCP Thomas Ménagé, député Rassemblement national (RN) du Loiret, durant la suspension de séance, confirmant que son groupe allait voter la censure. « Cela va être une casse sociale jamais vue […] donc il n’y a qu’une solution, c’est la censure », a-t-il martelé.

Il a par ailleurs fustigé un « mensonge » au travers de la suspension jusqu’à la prochaine élection présidentielle de la réforme des retraites annoncée par le Premier ministre, mettant en garde contre une potentielle censure de l’amendement gouvernemental « comme un cavalier budgétaire » par le Conseil constitutionnel.

La censure « c’est 11 milliards d’euros de facture pour les Françaises et les Français », lui a répondu Jean Terlier, député Ensemble pour la République (EPR), dénonçant une «forme d’irresponsabilité à poser ces motions de censure», avant d’appeler à « envoyer un message de stabilité ».

Des tractations « jusque tard dans la nuit »

« Il y a une formidable hypocrisie dans cet hémicycle »,  a lancé à la presse dans la salle des Quatre colonnes Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste. « Toutes celles et ceux qui vont voter la censure savent que si elle était votée, en réalité, le gouvernement procéderait par loi spéciale et tout ce qu’ils prétendent combattre serait en réalité imposé en Françaises et aux Français », a poursuivi le député de Seine-et-Marne.

Réitérant que son groupe ne voterait pas la censure, il a évoqué des débats à venir. Débats qui selon lui permettraient d’« amender et de corriger très sensiblement une copie qui n’est évidemment pas la nôtre et qui n’aurait jamais été le projet de budget […] que nous aurions proposé si nous étions aujourd’hui au gouvernement », a ajouté Olivier Faure.

Jusqu’au dernier moment Sébastien Lecornu a tenté de rallier les députés envisageant de voter la censure, à l’instar des cinq députés socialistes ultra-marins qui avaient annoncé le 15 octobre qu’il la voterait. Ceux-ci auraient reçu un courrier du Premier ministre leur promettant notamment d'être reçus par la nouvelle ministre des Outre-Mers. « Pas suffisant […] mais c’est un pas », a confié à BFMTV l'un de ces élus.

Auprès de Libération, Elie Califer, député PS de Guadeloupe, évoque des échanges qui auraient eu lieu avec la ministre des Outre-mer et le cabinet du Premier ministre « jusque tard dans la nuit ».