Au lendemain de l’Assemblée nationale, c’était, ce 15 octobre, au tour du Sénat d’écouter le discours de politique générale de Sébastien Lecornu. Discours d’une demi-heure, au cours duquel il a présenté « quelques dossiers que le gouvernement estime urgents ».
En premier lieu, et érigée comme la « priorité absolue du gouvernement », l’adoption d’un budget d’ici la fin de l’année. Budget qui, a précisé le nouveau Premier ministre, « repose sur un principe simple : une maîtrise des comptes publics qui, dans sa version initiale, réduira le déficit à 4,7 % du PIB », tout en laissant une marge.
« Dans tous les cas de figure, à la fin de la discussion budgétaire, il devra être à moins de 5 % du PIB. L’impératif de souveraineté s’impose à tous […]. La trop forte dépendance à des prêteurs étrangers n’est pas acceptable », a déclaré Lecornu.
La Défense mieux lotie que les autres ministères
Pour ce dernier, parvenir à faire des économies est « une priorité dans la relation avec nos concitoyens et pour le consentement à l’impôt ». Si les crédits consacrés au ministère des Armées « connaîtront une augmentation inédite » et que ceux des ministères de l’Intérieur et de la Justice « seront en progression », « pour le reste des ministères, les moyens dont ils disposent baisseront en euro constant », a-t-il averti. « C’est inédit », a enchaîné le locataire de Matignon, « même si cet effort est encore insuffisant, il ne sera pas pour autant indolore ».
Invoquant « l’efficacité de l’État » et la nécessité d’une « rationalisation des dépenses publiques », le Premier ministre a notamment évoqué la « suppression et la fusion d’administrations ou d’organismes » et renvoyé les sénateurs à leurs propres travaux sur ces questions.
Un « effort fiscal le plus limité possible »
Toujours concernant le budget 2026, le Premier ministre a plaidé « par principe » en faveur d’un « effort fiscal le plus limité possible » dans le budget à venir, après avoir évoqué la hausse déjà effectuée dans le cadre du budget 2025.
« Ce projet de budget prévoit une baisse de la CVAE au profit des petites et moyennes entreprises », a-t-il notamment déclaré, avant de souligner — une fois de plus — que ce sont les parlementaires qui auront le dernier mot. Parlementaires auxquels il a promis, sur le front de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, le projet de loi « le plus ambitieux depuis plusieurs décennies ».
La décentralisation – « autre conviction » qui « anime ce gouvernement », mais également chère à nombre de sénateurs – a également été évoquée. Sébastien Lecornu a annoncé un projet de loi soumis au Parlement « avant les élections municipales ». Également concernant les territoires, cette fois ultramarins, le Premier ministre a brandi la lutte contre la vie chère comme une « urgence absolue », évoquant « les abus et les ententes qui pèsent sur le portefeuille de nos compatriotes ultramarins » et affirmé qu’un projet de loi était prêt.
Immigration : « l’intégration n’est pas une option »
Sur le plan sécuritaire, Lecornu a assuré que le nouveau ministre de l’Intérieur, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avait été chargé d’« obtenir des résultats contre la délinquance ».
L’immigration, qui « constitue pour l’Europe un défi majeur », a également été abordée par le nouveau Premier ministre, qui a évoqué la nécessité pour le pays de construire une politique migratoire « claire, stable et conforme à nos valeurs » et un « équilibre évident entre humanité et autorité ». « La France doit savoir accueillir, mais elle doit aussi savoir dire non », a-t-il poursuivi.
« L’intégration n’est pas une option, c’est une responsabilité partagée dont on ne parle plus assez dans le débat public. » « L’exécution effective des OQTF est en cela une priorité absolue », a-t-il conclu sur ce point.
Enfin, sur le plan des retraites, le Premier ministre a déclaré que son gouvernement allait proposer de « confier la gestion » du système de retraites aux partenaires sociaux, ajoutant qu’il attendait des propositions « d’ici le printemps ». Il a cité en exemple la gestion par les syndicats et le patronat du système de retraites complémentaires Agirc-Arrco.