Lors de son premier déplacement à Versailles le 13 octobre, Laurent Nuñez, nouveau ministre de l’Intérieur, a affiché ses priorités : restaurer la sécurité quotidienne et intensifier la « guerre contre les narcotrafiquants ».
Accompagné de la ministre déléguée Marie-Pierre Vedrenne, l’ancien préfet de police de Paris (2022-2025) s'est rendu dans les Yvelines pour y rencontrer gendarmes, policiers et pompiers, réaffirmant un cap sécuritaire hérité de son prédécesseur, Bruno Retailleau.
Une continuité pragmatique et un passé controversé avec les Gilets Jaunes
À 61 ans, Laurent Nuñez, fort de son expérience à la tête de la préfecture de police et de son passage comme secrétaire d’État à l’Intérieur (2018-2020), incarne un profil technique et politique. « Les priorités, ce sont celles qui intéressent nos concitoyens : la sécurité du quotidien », a-t-il déclaré à Versailles, insistant sur la lutte contre le narcotrafic, « une priorité extrêmement forte ». Il s’engage à reprendre le dossier de la filière judiciaire, un sujet brûlant soulevé par les syndicats.
« Bruno Retailleau avait travaillé en ce sens, je vais immédiatement me saisir de ce dossier », a-t-il promis. Sur X, Nuñez a partagé : « Pour mon premier déplacement, j’ai tenu à être auprès des policiers, gendarmes et pompiers des Yvelines pour leur dire mon engagement à leur côté. Ils incarnent la sécurité et la solidarité ».
Homme de réseaux, il a le soutien a priori des syndicats. « Sa nomination est rassurante, il maîtrise les dossiers », note Linda Kebbab (Unité-FO). Son syndicat réclame néanmoins des moyens en matière d’investigation.
A gauche, des critiques émergent, notamment du côté de La France Insoumise (LFI) avec la députée Anne Stambach-Terrenoir alors que l’ancien préfet de police avait été à la manœuvre dans le dispositif répressif des Gilets Jaunes en 2020 : « Nuñez incarne un État autoritaire, piétinant les libertés sous couvert d’ordre public »; et de rappeler : « Interrogé sur les mutilations infligées par les forces de l’ordre pendant les Gilets Jaunes […] Laurent Nuñez n’a jamais exprimé le moindre regret ».
Laurent Nuñez, de son côté, prend ses marques et a profité de son premier déplacement pour saluer les pompiers lors de sa visite à Montigny-le-Bretonneux. Avec des défis comme le narcotrafic, la menace terroriste et les tensions sur les moyens d’investigation, le « premier flic de France » mise sur ses réseaux et son expérience des JO 2024 pour asseoir sa légitimité. Dans un contexte politique instable, il promet de se consacrer « totalement » à la protection des Français. Reste à savoir de combien de temps il disposera.