France

Des vigiles musulmans licenciés «pour leur barbe» donnent leur version des faits (VIDEOS)

Bachir et Bechir, deux agents de sécurité musulmans (et barbus) ont porté plainte contre l’entreprise Securitas, s’estimant victimes de discrimination. Interviewés par RT France, les deux plaignants et leur avocat s’expriment sur l’affaire.

Bachir, 28 ans, était chargé du contrôle des passagers de l'aéroport d'Orly avant l'embarquement, pour la société de sécurité privée Securitas. Mais le 8 décembre, il se voit annoncer, par courrier, son licenciement. 

Ma barbe n'avait rien à voir la religion

Le motif de l'entreprise ? Une barbe trop longue... Et pourtant, après maintes remarques et intimidations de la part de son directeur, Bachir accepte de la tailler, mais dépose néanmoins une plainte pour discrimination, ce qui lui sera finalement reproché. Pour lui c'est clair, depuis les attentats de Paris du 13 novembre, la position de la direction sur le port de la barbe pour les employés musulmans est devenue beaucoup plus stricte.

Une mésaventure similaire est arrivée à Bechir, ancien chef d'équipe de 34 ans au sein la même entreprise à Orly, qui a été licencié en juin.

Avant les attentats [de Charlie Hebdo], ils ne pouvaient pas se servir du prétexte de la barbe pour licencier (...), aujourd'hui, ils ne se cachent plus.

Lui aussi convoqué à huis clos par son directeur pour s'entendre adresser des reproches sur le port de sa barbe, son apparence était sans cesse ramenée à sa croyance, l'Islam. Il estime que l'entreprise, où l'association de la barbe et de la religion musulmane ne fait plus bon ménage «depuis plusieurs années», l'aurait démis de ses fonctions en raison de son apparence physique.

On nous demandait de surveiller que les collègues de confession musulmanes n'aillent pas faire leur prière pendant les pauses.

Invoquant un durcissement des injonctions pour couper sa barbe depuis les attentats de janvier en France, il explique que sa direction lui demandait également de surveiller ses collègues musulmans afin de s'assurer que ceux-ci ne faisaient pas la prière durant leurs pauses.

Pour leur avocat, Maître Eric Moutet, ça ne fait aucun doute : «ils ont été licenciés à cause de leur barbe». Rappelant que les intimidations par rapport à leur apparence se sont renforcées depuis les attentats du 13 novembre, celui-ci parle même d'un «détournement de l’état d’urgence» de la part de l'entreprise. Ainsi, certaines sociétés se serviraient de la situation et du risque terroriste pour «licencier certaines personnes qu’elles n’auraient pas pu licencier avant».

Dans un mail collectif rapporté par la chaîne française BFMTV, la société Securitas explique que, «ciblée par l'infiltration de salariés radicalisés», elle a décidé de mettre en place des «consignes strictes» depuis fin novembre. Elle a toutefois tenu à rappeler «son attachement total au respect des différences, du multiculturalisme et des religions».