France

Dette française : une menace croissante pour la souveraineté

Avec une dette publique dépassant 3 300 milliards d’euros, soit 113 % du PIB, la France risque une mise sous tutelle financière du FMI si aucune réforme n’est engagée. Les intérêts de la dette pourraient bientôt dépasser le budget de l’éducation.

La France se trouve à un tournant critique face à une dette publique colossale de 3 300 milliards d’euros, équivalant à 113 % du PIB en 2025. Cette situation, aggravée par des décennies de déficits, suscite des alertes internationales, notamment de la part du Fonds monétaire international (FMI), qui avait déjà fait part de ses inquiétudes à la fin du mois de mai.

Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI, a averti le 18 juin sur BFM Business qu’une mise sous tutelle financière « pourrait se poser » si le gouvernement ne parvient pas à infléchir la trajectoire de l’endettement. Bien que non imminente, cette menace plane sur un pays dont les finances publiques semblent déraper plus vite que prévu.

La France dépendante de ses créanciers et du FMI

Les intérêts de la dette, estimés à 67 milliards d’euros pour 2025, risquent de devenir le premier poste de dépenses dès 2026, dépassant ceux de l’éducation (88 milliards) et de la défense (59 milliards), selon le ministre de l’Économie, Éric Lombard. Ce fardeau, qui pourrait atteindre 100 milliards d’euros d’ici 2027, limite les marges de manœuvre budgétaires, menaçant la souveraineté économique française. Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, avait souligné dans Le JDD, le 7 juin, que sans réformes, « nos créanciers ou le FMI imposeront leurs choix », évoquant le précédent grec des années 2010.

Les agences de notation, comme S&P, maintiennent la note française à AA− avec une perspective négative, signalant un risque de dégradation si les efforts de consolidation échouent. La Commission européenne, qui a placé la France sous procédure de déficit excessif en 2024 pour un déficit de 5,8 % du PIB, exige des mesures concrètes pour ramener ce chiffre à 5,6 % en 2025. Le gouvernement promet 40 milliards d’euros d’économies, mais le FMI doute de la capacité à tenir ces engagements sans réformes structurelles.

Crises, gabegie, inertie : la mécanique de l’enlisement

Les causes de cette spirale sont multiples : crises successives (Covid, énergie), dépenses publiques élevées (45 % du PIB) et niches fiscales coûteuses. La Cour des comptes pointe une hausse des effectifs territoriaux et un manque de rationalisation.

Pour éviter une crise financière, des réformes urgentes, comme la réduction des dépenses sociales ou la simplification administrative, sont nécessaires et occupent le Premier ministre François Bayrou depuis son arrivée à Matignon. Cependant, dans un climat politique instable, marqué par des motions de censure, la mise en œuvre de ces mesures s’annonce complexe, au risque d’aggraver la vulnérabilité française face aux marchés.