France

Crise de l’éducation en France : deux notes alarmantes pointent un système en dérive

Remises à Élisabeth Borne le 18 juin, deux notes soulignent la chute du niveau scolaire et la crise d’attractivité du métier d’enseignant en France, révélant les failles structurelles de l’Éducation nationale française.

Le 18 juin, deux notes remises à la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, par le haut-commissaire à la Stratégie et au Plan, Clément Beaune, dressent un constat implacable : le système éducatif français est en crise. La première, intitulée « Niveau scolaire : faut-il s’inquiéter ? », synthétise les enquêtes internationales (PISA, TIMSS, PIRLS) confirmant une chute continue du niveau des élèves, particulièrement en mathématiques.

La France, mauvais élève européen

En CM1, la France est dernière en Europe, et en 4ᵉ, seul le Portugal fait pire. Avec seulement 3 % d’élèves excellents en 4ᵉ, contre 11 % en moyenne européenne, le décrochage touche toutes les catégories sociales, comme l’illustre un chiffre frappant : un enfant de cadre en 2017 calcule moins bien qu’un enfant d’ouvrier en 1987. Une note qui fait écho au constat de l’ancien ministre de l’Education Gabriel Attal qui déplorait déjà en novembre 2023 que plus de la moitié des collégiens ne lisent pas convenablement.

Les causes ? Les notes pointent l’impact des écrans, des rythmes scolaires inadaptés, des programmes instables et des pédagogies peu explicites. Mais la crise d’attractivité du métier d’enseignant, détaillée dans la seconde note, « Enseigner : une vocation à reconstruire », est centrale. À la rentrée 2024, 3 200 postes d’enseignants sont restés vacants, et les contractuels, en hausse de 43 % depuis 2015, sont souvent précaires et peu formés. Les concours, moins sélectifs, affichent des barres d’admission parfois à 4/20 dans certaines académies. Les départs volontaires croissent, et des « démissions silencieuses » émergent, traduisant un désengagement.

Les enseignants français, moins bien formés que leurs homologues européens, souffrent d’un manque de pratique initiale et d’accompagnement. La réforme prévue en 2026, déplaçant le concours à bac+3, vise à séduire plus de candidats, mais la note suggère aussi des mesures concrètes : logements réservés, mobilité facilitée et soutien financier pour les étudiants. Les salaires, inférieurs à ceux des autres fonctionnaires de catégorie A, alimentent un sentiment de déclassement, entretenu par la multiplication des attaques contre les enseignants.

Ces notes, qui préfigurent des propositions en janvier 2026, soulignent l’urgence d’une refonte, un mois après la publication d’un document critique de la Cour des comptes sur le niveau des écoles primaires. Faute de quoi, la baisse du niveau scolaire risque de bouleverser l’équilibre économique et culturel du pays.