Les violences contre les élus locaux continuent d’interroger sur la situation sécuritaire en France. Selon le Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calae) qui a publié un rapport le 20 mai, 2 501 actes ont été recensés en 2024, soit une diminution de 9,35 % par rapport à 2023 (2 759 cas).
Cette baisse, bienvenue après des hausses de 32 % en 2022 et 19 % en 2023, n’occulte pas une réalité alarmante : 48 agressions par semaine, dont 64 % ciblent les maires. À l’approche des élections municipales de 2026, ce climat d’insécurité pèse sur l’engagement des élus alors que des tensions entre l’État et les maires sont déjà palpables.
« Plus aucun territoire n’est épargné »
François-Noël Buffet, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, a souligné dans une interview au Figaro le 20 mai que « plus aucun territoire n’est épargné ». Des grandes métropoles aux villages ruraux, en passant par les outre-mer, la violence est partout. Les menaces et outrages (68 %) dominent, suivis des violences physiques (10 %) et des dégradations (8 %). Plus inquiétant, la gravité des actes s’accentue : les agressions au couteau ou à l’arme à feu gagnent du terrain, et la cybermalveillance, représentant 20 % des cas, empoisonne le quotidien des élus et de leurs familles.
Interrogé sur le sujet par la chaîne Public Sénat, le sénateur Pierre Jean-Verzelen déplore : « En vérité, personne n’est préparé à cela », se confiant lui-même sur la dégradation de son véhicule dans sa circonscription.
Selon une étude du Cevipof et de l’Association des maires de France, 60 % des maires hésitent à se représenter en 2026, le sentiment d’insécurité étant la deuxième cause invoquée (19 %). Si les violences ne sont qu’à la quatrième place (10,7 %) des motifs de démission, derrière les exigences citoyennes (13,6 %) ou les tensions avec l’État (12,3 %), elles amplifient le sentiment d’isolement des élus. « Être à portée d’engueulades, oui, mais pas à portée de coups », a martelé François-Noël Buffet.
Face à cette « urgence démocratique », des mesures se déploient. Un plan de 5 millions d’euros, dont 3,5 millions pour 2025, finance des boutons d’alerte et un numéro d’aide psychologique. La base de données de la gendarmerie recense 8 200 élus pour un signalement rapide au 17. Surtout, la coopération avec les procureurs s’améliore, garantissant un suivi des plaintes, un point crucial pour restaurer la confiance.
Cependant, les élections municipales de 2026 font craindre une recrudescence des violences, avec une possible hausse à 50 faits par semaine. Pour y répondre, le ministère planche sur un « kit » facilitant les signalements et le dialogue avec les autorités.