Dans un contexte de guerre commerciale et d’affaiblissement du dollar, Bruno Le Maire, ancien ministre français de l’Économie, appelle à une transformation ambitieuse de l’euro. Dans un message publié sur X le 19 avril, celui qui voulait « provoquer l’effondrement de l’économie russe » propose de mutualiser les dettes nationales européennes excédant 50 % du PIB pour établir l’euro comme « monnaie de référence mondiale ».
Cette initiative, selon lui, saisirait une « opportunité unique » face au « roi dollar qui vacille », déprécié de 5 % face à l’euro depuis le 2 avril et de 8 % depuis l’investiture de Donald Trump en janvier 2025.
Créer un marché de la dette européen actif
L’ancien ministre suggère que la Commission européenne étudie cette mise en commun des dettes, couplée à la fusion des titres de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de la dette commune issue du plan de relance Covid de 750 milliards d’euros, remboursable jusqu’en 2058. Cette consolidation créerait un marché de la dette européenne attractif, permettant de financer des investissements à moindre coût via de nouvelles émissions communes. « Cela renforcera les leviers de négociation de la zone euro avec ses partenaires, y compris les États-Unis », argue-t-il.
L’ancien locataire de Bercy, qui a quitté son poste en septembre 2024 et fait face difficilement à ces détracteurs lors d’auditions à l’Assemblée nationale, voit dans la conjoncture actuelle une chance historique. Les droits de douane imposés par Donald Trump ont poussé les investisseurs à se détourner des actifs américains, fragilisant le dollar. Bruno Le Maire y voit un moment clé pour « accélérer la mise en place d’un euro numérique », projet de la Banque centrale européenne (BCE), afin de réduire la dépendance aux systèmes américains comme Visa, Mastercard ou PayPal.
Cette proposition s’inscrit dans un contexte de tensions économiques mondiales, où l’Union européenne cherche à affirmer sa souveraineté.
Cependant, la mutualisation des dettes reste un sujet sensible, certains pays craignant une perte de contrôle budgétaire. Malgré les suspensions partielles des droits de douane américains, Bruno Le Maire insiste : un euro fort offrirait à l’Europe une voix plus puissante sur la scène internationale. « Depuis 1945, une telle opportunité ne s’est jamais présentée », conclut-il, appelant à une action rapide pour concrétiser cette vision. Reste que la voix de Bruno Le Maire, largement mis en cause par les oppositions face à l’explosion du déficit public français, devrait peiner à peser à peine huit mois après son départ de Bercy.