France

Accusations de faux témoignage : le Bureau de l'Assemblée nationale signale Aurore Bergé à la justice

Le Bureau de l’Assemblée nationale a validé ce 9 octobre la demande de transmission au Procureur de la République du cas de l’ancienne ministre Aurore Bergé, accusée par des députés de l'opposition de «faux témoignage» lors de son audition par une commission d’enquête sur le modèle économique des crèches.

«Suite à notre saisine, le Bureau de l'Assemblée Nationale transmet au procureur une demande d'engagement de poursuites contre Aurore Bergé pour faux témoignage devant la Commission d'enquête sur le modèle économique des crèches».

Ce 9 octobre, sur le réseau social X, le coordinateur national de la France insoumise (LFI) Manuel Bompard s’est félicité du signalement d’Aurore Bergé à l’appareil judiciaire par l'instance exécutive de l'Assemblée nationale, dominée par la gauche. Une décision qui a été approuvée à dix voix «pour» et neuf «contre».

L’ancienne ministre des Solidarités et des Familles (juillet 2023 - janvier 2024), qui avait également dans son portefeuille la petite enfance, est accusée par les députés LFI et écologistes d'avoir empêché la tenue d'une commission d'enquête parlementaire sur les dysfonctionnements des crèches privées et d'avoir entretenu des liens avec la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC).

Lors d'une audition en commission fin avril, Aurore Bergé avait affirmé n’avoir aucun lien «personnel, intime ou amical, ni d’accointances» avec la déléguée générale de la FFEC, Elsa Hervy. Une version contredite depuis par le livre Les Ogres (Éd. Flammarion) de Victor Castanet.

Dans son ouvrage, paru mi-septembre, le journaliste d'investigation évoque notamment un «pacte de non agression» qui aurait été conclu entre Aurore Bergé et la déléguée générale de la FFEC, Elsa Hervy. Le 1er octobre, Aurore Bergé avait annoncé sur le plateau d'une chaîne publique avoir porté plainte pour «diffamation».

«On ne copine pas avec les lobbys qui maltraitent les enfants», les Insoumis mettent la pression sur l’ex-ministre

Pour la présidente du groupe de La France Insoumise (LFI) à l’Assemblée Mathilde Panot, l'ancienne ministre «devra rendre des comptes pour avoir menti devant la représentation nationale». «On ne copine pas avec les lobbys qui maltraitent les enfants», a-t-elle lancé. Son parti avait pour l’occasion produit un visuel évoquant un «Pacte secret entre le lobby des crèches privées et Aurore Bergé».

Une accusation relayée par les députés de son groupe, à l’instar de Sébastien Delogu. «La Justice […] vient chercher Aurore Bergé pour qu’elle réponde ENFIN de son mensonge sous serment à l’Assemblée», a réagi sur X l'élu des Bouches du Rhône. «Bonne nouvelle […] Madame Parjure va devoir rendre des comptes», s'est pour sa part réjoui le député de l'Essonne Antoine Léaument. Quant à leur collègue de Paris, Sophia Chikirou, celle-ci a appelé à ce qu’il n’y ait «aucune complaisance avec les lobbies et leurs complices».

Yaël Braun-Pivet s’en prend aux «interventions sur twitter»

Interrogée par la presse à la sortie du Bureau de l’Assemblée, la présidente de la Chambre basse Yaël Braun Pivet a affirmé que «cette décision de transmission ne vaut pas décision de justice» et qu'«en aucun cas le Bureau ne doit se prononcer sur la constitution d’une infraction», en rappelant que le procureur de la République sera libre de «poursuivre ou pas».

Elle s’en est par ailleurs prise aux «interventions sur Twitter» de «certains [qui] par leur déclarations veulent tromper les Français en considérant que le bureau a déjà jugé ce qui n’est absolument pas le cas, parce que ce n’est absolument pas de sa compétence».

Aurore Bergé s’est de son côté exprimée sur X, mettant en cause le Nouveau Front Populaire (NFP), majoritaire au sein du Bureau de l’Assemblée, qui aurait décidé, selon elle «une nouvelle fois de se soumettre à LFI».