«Vous savez maintenant qui est réellement dans l’opposition. Et qui ne l’est pas».
Après le rejet de la motion de censure visant le gouvernement Barnier, le 8 octobre, l’eurodéputé socialiste Pierre Jouvet a repris un élément de langage particulièrement en faveur au sein de la gauche française : le Rassemblement national aurait «sauvé Macron».
92 voix lui ont manqué pour renverser le gouvernement Barnier: la gauche n’a pas su trouver des votes hors de sa base, ou trop peu. En effet, ils sont 197 députés NFP à avoir soutenu cette motion de censure et seulement 5 autres députés à avoir suivi, parmi les élus du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot).
«Tôt ou tard ce gouvernement Macrono-lepéniste tombera», estime Panot
Les élus de La France insoumise (LFI), déjà échaudés par l’abstention de Marine Le Pen, quelques heures plus tôt, lors de la Conférence des présidents de l'Assemblée sur l'inscription à l'ordre du jour de la procédure de destitution d'Emmanuel Macron, ont de nouveau pris pour cible la chef de file des députés RN, dont les troupes n’ont pas voté en faveur de la motion de censure.
«Le RN a sauvé Macron par le refus de la procédure de destitution. Aujourd’hui il sauve Barnier en refusant de voter la censure», a lancé sur X, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot. «Tôt ou tard ce gouvernement Macrono-lepéniste tombera, et alors Macron devra nommer Castets ou démissionner», a-t-elle ajouté.
Même son de cloche du côté du Parti socialiste, dont le compte officiel sur X a publié un message lapidaire : «Le Gouvernement Barnier sauvé par le Rassemblement national». Les élus communistes ont également pointé du doigt une supposée convergence entre le RN et Emmanuel Macron en déclarant, toujours sur la plateforme américaine : «Après avoir empêché la discussion en séance sur la destitution de Macron, le RN ne censure pas le gouvernement Barnier. Il confirme qu’il n’est pas l’opposition au président et au gouvernement».
Enfin la présidente du groupe Ecologiste au Palais Bourbon Cyrielle Chatelain s’est exprimée dans la salle des 4 colonnes après la tenue du vote. «Quel est l'après du bloc présidentiel ? Vont-ils, avec les voix de l'extrême-droite, chercher d'autres compromissions comme le détricotage de la loi SRU ou du code de justice pénale des mineurs?», a-t-elle interpellé la presse.
«Hier, le Nouveau front populaire se désistait en faveur du macronisme. Aujourd'hui, il veut que nous censurions un gouvernement teinté de macronisme», fustigeait à la tribune du Palais Bourbon, en amont du vote, le député RN du Territoire de Belfort, Guillaume Bigot. «On ne censure pas, car un seul tweet de Marine Le Pen suffit à infléchir la position du Premier ministre sur la désindexation des salaires», a-t-il ajouté, rappelant ainsi que Michel Barnier doit composer avec le RN s’il veut éviter de voir son gouvernement censuré.
Pour sa part, le Premier ministre Michel Barnier avait assuré, après la présentation de la motion de censure par Olivier Faure, qu'il «continuerai[t] d'écouter, de respecter, de rechercher un dialogue avec chacun des groupes de cette assemblée».
Une prise de parole clairsemée de quelques invectives d’élus LFI. Autre élément remarqué : durant l'allocution du Premier ministre, les rangs des députés du bloc présidentiel n’étaient pas pleins. Manquaient notamment à l’appel son prédécesseur à Matignon, Gabriel Attal, déjà critique sur son action, ainsi que l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne et l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.