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France : une étape budgétaire sous pression en perspective pour le nouveau Premier ministre

A peine nommé à Matignon, le Premier ministre Michel Barnier va devoir faire face à une première épreuve du feu avec le vote du budget. La gauche a d'ores et déjà menacé d'une motion de censure et le Rassemblement national exige des garanties.

«Il sera peut-être censuré, il peut l’être demain sur son budget». Le vice-président du Rassemblement National Sébastien Chenu s’est exprimé ce 9 septembre sur la chaîne Public Sénat au sujet d'une potentielle censure du futur gouvernement de Michel Barnier.

Le député du Nord a écarté l’idée du vote d'une motion de censure à l'encontre du nouveau Premier ministre français lors de son discours de politique générale. Néanmoins, en l'absence de majorité claire dans l'hémicycle, Michel Barnier va devoir composer d'entrée de jeu avec une situation délicate en matière de finances publiques.

« Le budget le plus délicat de la Vème République »

Le budget de l’État doit être présenté à l’automne, mais son élaboration a pris du retard avec la longue attente de la nomination d’un Premier ministre. Il pourrait s'avérer «le plus délicat de la Vème République» a alerté le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Dans une interview au Parisien, publiée le 7 septembre, l’ancien ministre socialiste a par ailleurs appelé de ses vœux une «rupture», estimant qu’«il y a urgence». «La situation est très grave et les remèdes exigent beaucoup de courage, de force et de vrais efforts» a-t-il encore affirmé.

Selon lui, il est possible de repousser au-delà de 2027 l’objectif d’un retour aux 3 % de dette du produit intérieur brut. «Bruxelles préfère toujours un discours de vérité», a-t-il déclaré au quotidien régional, ajoutant que «le pire est de dire qu'on va y parvenir sans s'en donner les moyens».

Pour ce budget, le futur gouvernement devra composer avec une Commission des finances présidée par le député Insoumis Éric Coquerel et dont le député centriste indépendant Charles de Courson est le rapporteur général. Ce dernier avait été, en mars 2023, à l’origine d’une motion de censure transpartisane.

Motions de censure, un gouvernement en terrain miné

Si le député Rassemblement national Sébastien Chenu a réclamé des gages au gouvernement en matière d’«immigration, de sécurité, de pouvoir d’achat» pour ne pas censurer Michel Barnier, son collègue de la Somme Jean-Philippe Tanguy a mis en garde. «Si Michel Barnier «utilise le 49.3, je pense qu'il aura de très grandes difficultés avec nous s'ils veulent faire payer une fois de plus», a-t-il prévenu le 8 septembre sur le plateau de BFM.

A gauche, l’ancien président François Hollande a affirmé 9 septembre sur une radio publique qu’il voterait une motion de censure déposée par la gauche contre Michel Barnier, notamment au nom des «Français qui ont voulu écarter l'extrême droite»

«Nous allons déposer une motion de censure quoi qu'il arrive [...], le budget ne passera pas à l'Assemblée nationale en décembre» avait brandi le député Insoumis Sébastien Delogu sur le service public, le 5 septembre, dans la foulée de l'annonce par l'Élysée de la nomination de Barnier à Matignon.

Le projet de loi de finances devrait être déposé à l'Assemblée nationale durant la première quinzaine d’octobre. Le Premier ministre pourrait alors voir des oppositions déposer une motion de censure. Il pourrait également en subir, en amont, à l’issue de son discours de politique générale.