«Le président se rendra bien au sommet de l'OTAN», a déclaré l’entourage d’Emmanuel Macron au Figaro. Dans un article publié ce 9 juillet, le quotidien fait état de pressions, au sein même du gouvernement, quant au déplacement à Washington du président français alors même que des tractations ont lieu pour tenter de dessiner une coalition.
«La gauche va se mettre d'accord sur le nom d'un Premier ministre, il faut s'organiser en face. Mais si le président part aux États-Unis pendant deux jours, il ne se passera rien chez nous», a confié un ministre au Figaro.
Si le camp présidentiel a mieux résisté que prévu au deuxième tour des législatives, en conservant 163 élus (contre 245 dans l’Assemblée nationale sortante), grâce à l’alliance de fait entre les partis centristes et ceux de l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), la situation reste néanmoins tendue face à une cohabitation.
Le NFP a obtenu 182 sièges (contre 131 à l'ancienne Nupes), tandis que le Rassemblement national (RN) est parvenu à en obtenir 143 (contre 89 en 2022), loin des 289 sièges de la majorité absolue.
Refusant obstinément de travailler avec le RN, le parti présidentiel et ses alliés doivent ainsi s’entendre avec une partie de la gauche.
Macron «ne prend pas la mesure du risque d’une entente à gauche»
«Il y a une course de vitesse. Partir trois jours à Washington alors que chaque jour compte, c’est spéculer sur le fait que la gauche n’arrivera pas à se mettre d’accord. S’ils y parviennent, la pression sera très forte à son retour», s’est alarmé un autre ministre auprès du Figaro. Selon ce dernier, relate le quotidien, Emmanuel Macron «ne prend pas la mesure du risque d’une entente à gauche. Et de la difficulté à barrer la route ensuite au Nouveau Front populaire».
L’OTAN souffle ses 75 bougies, à l’occasion de son sommet annuel, organisé cette année à Washington les 10 et 11 juillet. Un rendez-vous que le président français, apparu fragilisé lors du G7 à Rome en raison de la défaite de son parti aux élections européennes, n’a pas voulu manquer.
Sa présence dans la capitale états-unienne avait été annoncée le 8 juillet par l’Élysée. «Nos amis américains auront certainement à cœur de montrer une alliance qui est vivace […] et incarne un bon partage du fardeau entre Européens et Américains», avait déclaré le Château dans son communiqué.
La position de la France face au conflit ukrainien désormais incertaine
Comme le rapportait le 4 juillet le site Euractiv, des membres de l’OTAN étaient particulièrement inquiets de l’issue des législatives en France. Plusieurs ambassadeurs de l’Alliance redoutaient l’arrivée dans le gouvernement français de ministres issus du RN pour constituer une minorité de blocage pouvant affaiblir le soutien de Paris à l’Ukraine.
Marine Le Pen et Jordan Bardella se sont en effet prononcés ces derniers mois pour le soutien à Kiev mais contre l’envoi de troupes françaises en Ukraine ainsi que la livraison d’armes à longue portée pouvant frapper le sol russe. Le candidat RN Christophe Varsini avait même jugé le 7 juillet auprès de RIA Novosti qu’en cas d’accession au pouvoir du Rassemblement national, le parti s’attellerait à renouer le dialogue entre Moscou et Kiev en vue d’une résolution du conflit.
Une hypothèse donc écartée, mais la formation d'un gouvernement de gauche ne garantirait pas non plus un soutien continu de Paris à Volodymyr Zelensky, le Nouveau Front populaire étant traversé par des désaccords sur le sujet, entre un Raphaël Glucksmann partisan radical de Kiev et un Jean-Luc Mélenchon soutenant l’envoi d’armes mais souhaitant éviter une escalade et une implication de la France.
La Russie, elle, ne semble plus rien espérer, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov ayant déclaré le 8 juillet n'avoir ni «l'espoir» ni «l'illusion» d'une amélioration des relations entre la Russie et la France, dans la foulée de l’annonce des résultats des élections législatives.