France

Nouveau Front populaire : après la victoire, le casse-tête du nouveau Premier ministre

Après la victoire du Nouveau Front Populaire le 7 juillet, le président de la République doit, selon l’usage constitutionnel, choisir un Premier ministre parmi cette nouvelle majorité. Une tâche difficile alors que la coalition des gauches apparaît très hétéroclite.

Arrivée en tête, l’alliance des gauches, renommée Nouveau Front populaire (NFP), se dit prête à gouverner. C'est néanmoins le chef de l’État qui doit nommer le Premier ministre et l’arrivée d’un responsable du NFP à Matignon ne se fera qu’avec l’accord du président du la République.

Pour l'heure, la France est plongée dans l'incertitude, alors qu'Emmanuel Macron a demandé, ce 8 juillet à la mi-journée, à son Premier ministre Gabriel Attal de rester en poste «pour le moment afin d'assurer la stabilité du pays», selon l’Élysée cité par l'AFP. «Il l'a remercié pour les campagnes des élections européennes et législatives qu'il a menées», a ajouté la présidence.

Après la Nupes en 2022, les gauches se sont rassemblées en 2024 derrière la bannière NFP. Un regroupement des même partis, à savoir les Insoumis, les socialistes, les écologistes et les communistes, mais avec un plus large soutien de personnalités, avec notamment le soutien de l’ancien président François Hollande ou encore de la présidente de la région Occitanie Carole Delga qui s’étaient tous les deux prononcés contre une telle alliance en 2022.

Cette alliance pour le moins hétéroclite, arrivée en tête avec 183 députés, ne dispose pas de la majorité absolue mais doit être amenée à former un gouvernement.

Pour cela, le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure a déclaré dès ce 8 juillet sur les ondes de RTL : «Il doit y avoir un accord rapide entre nous, au sein du Nouveau Front populaire, pour le choix du Premier ministre.»

Trop tôt pour un Premier ministre ?

Une déclaration qui fait écho à celle de Marine Tondelier, qui s’était montrée moins pressée dans la soirée du 7 juillet après l’annonce des résultats. Secrétaire nationale des Écologistes, elle avait ainsi déclaré au siège de son parti, quelques minutes après l’annonce des résultats : «Ce n’est pas […] le moment de déclarer un ou une Première ministre, c’est trop tôt.»

Quelques minutes plus tard, elle précisait son propos sur BFMTV : «Les décisions au sein du Nouveau Front populaire se feront de manière calme, apaisée et déterminée.»

Un apaisement revendiqué qui détonne avec le discours plus musclé de Jean-Luc Mélenchon juste après l'annonce des résultats, lui qui a rapidement affirmé : «Le président doit appeler le Nouveau Front populaire à gouverner.» «La volonté du peuple doit être dorénavant strictement respectée, dès lors aucun subterfuge arrangement ou combinaison ne serait acceptable», a-t-il ensuite précisé, fermant ainsi la porte à une alliance avec le centre.

Le NFP ne pourra pas gouverner seul

Autre défi : sans majorité absolue, fixée à 289 sièges, le NFP ne pourra gouverner seul. Lors de la précédente législature, la majorité macroniste, qui disposait de 250 députés, a éprouvé des difficultés dans le travail législatif. Avec près de 70 parlementaires en moins, la manœuvre sera encore plus dure, d’autant que le Sénat demeure majoritairement à droite.

Une autre hypothèse de gouvernement pourrait voir le jour avec une coalition de centre gauche. L’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe, plutôt étiqueté au centre droit, a proposé un contrat de gouvernement. Mais celui-ci «ne peut être construit ni avec le Rassemblement national ni avec La France Insoumise», s'est-il empressé d'ajouter. Il s’agirait ici d’un scénario à l’allemande, avec une coalition allant des LR à une partie du NFP.

Le ministre de l’Intérieur fraîchement réélu député, Gérald Darmanin, plaide aussi pour une coalition penchant à droite. À BFMTV, il a ainsi déclaré : «Le pays est à droite. On doit gouverner à droite. Et ne pas avoir de coalition avec La France insoumise et le Nouveau Front populaire ».

Cette hypothèse apparaît toutefois assez improbable car Les Républicains ont toujours rejeté les avances d’Emmanuel Macron et une majorité de centre droit serait exposée à des motions de censure du NFP et du RN.

La dernière hypothèse semble être celle d’un gouvernement technique, mais la gauche victorieuse des élections législatives ne devrait pas accepter de se voir damer le pion ainsi et pourrait dès lors tenter de renverser un tel gouvernement s’il venait à se former.