France

«Trahison», «immense gâchis» : Zemmour et Maréchal règlent leurs comptes, Reconquête implose

Quatre jours après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, le parti Reconquête a implosé. Éric Zemmour a accusé sa tête de liste Marion Maréchal de trahison, l’excluant du parti après que cette dernière a négocié des places aux législatives avec le Rassemblement national. Celle-ci a dénoncé le refus de l'union à droite de l'ancien polémiste.

«C’est le record du monde de la trahison.» Pour Éric Zemmour, interrogé le 12 juin sur le plateau de BFMTV, Marion Maréchal, qui a négocié des places éligibles aux législatives pour ses proches, s’est exclue «d'elle-même» du parti qu’il dirige. Alors que quatre des cinq députés élus suivent Marion Maréchal, le parti fondé par l’ancien polémiste se trouve au bord de l’implosion.

Le journaliste devenu candidat à la présidentielle en 2027 a eu du mal à cacher sa colère lors de l'interview. Éric Zemmour accuse l’eurodéputée Marion Maréchal d'avoir «toujours méprisé» son parti, affirmant : «C’est moi qui l’ai désignée comme tête de liste, ce sont mes militants qui ont fait cette campagne. Les militants ont tracté pour elle, ont donné leur argent pour elle. Et au bout de 48 heures, elle trahit ces gens.»

Le président du parti qui a lui-même placé sa compagne Sarah Knafo en position éligible sur la liste Reconquête aux européennes estime désormais qu’il s’agit de la part de Marion Maréchal d’une «opération clanique, de sauvetage de quelques amis, de quelques copains et coquins qui sont avec elle depuis dix ans».

Maréchal accuse Zemmour d’une «triple faute» 

Éric Zemmour a également eu des mots très durs pour les autres députés européens qui suivent Marion Maréchal : «Je suis écœuré et blessé. J'ai accueilli très chaleureusement Marion Maréchal, comme j'ai accueilli ses trois compères en traîtrise : Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu.»

Favorable à un accord avec le Rassemblement national, Marion Maréchal estime qu’Éric Zemmour, qui entretient une vive rancœur avec Marine Le Pen, a fait une «triple faute» en affirmant vouloir présenter le maximum de candidats, car cela revient pour elle à refuser l’union avec la droite, à  «prendre le risque de faire élire des députés macroniste et d’extrême gauche», participant à une «énième division». L’eurodéputé appelle désormais à «soutenir partout en France les candidats uniques de l’union des droites».

En cinq minutes, Reconquête a implosé

Le journal L’Incorrect a révélé les coulisses de cette rupture et un échange vigoureux entre Marion Maréchal et les équipes d’Éric Zemmour survenu au siège de Reconquête dans l'après-midi du 12 juin, avant l'interview de l'ancien polémiste sur CNews. Celle-ci aurait déclaré : «C’est votre faute si l’alliance ne s’est pas faite, démerdez-vous !», avant que le fondateur du parti ne lui décoche un lapidaire : «Bah casse-toi !» 

La nouvelle élue européenne a de surcroît lancé à Stanislas Rigault, président de Génération Z et candidat malheureux aux élections : «Si tu n'es pas élu, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même et à tes petits copains qui ont balancé des off à la presse pour saboter ma campagne», laissant son interlocuteur bouche bée. «Un poids lourd du parti lance à Sarah Knafo : "Écoute ma cocotte, redescends d'un étage, ce n'est pas toi qui vas nous apprendre à faire de la politique"», relate encore L'Incorrect. 

Avec 5,47 % des voix lors du scrutin européen du 9 juin, la liste de Marion Maréchal avait obtenu cinq élus, trois d'entre eux la suivant dans sa démarche politique : l’ancien eurodéputé RN Nicolas Bay, l’ancien vice-président des Républicains Guillaume Peltier et la présidente des Conservateurs Laurence Trochu. Les quatre eurodéputés ont cosigné une déclaration commune pour expliquer leur démarche.

La rupture est donc consommée entre Éric Zemmour et les cadres de son parti. Le président de Reconquête ne dispose désormais plus que d’un eurodéputé, sa compagne Sarah Knafo. Reste à voir ce que fera le sénateur Stéphane Ravier, rallié à son parti mais réputé proche de Marion Maréchal. Parmi les cadres du parti, seul Stanislas Rigault est resté auprès de l’ancien candidat à la présidentielle mais ce dernier ne s’est pas exprimé publiquement sur les querelles au sein du parti.

Pour l’avocat Gilbert Collard, eurodéputé sortant et passé par le Rassemblement national à Reconquête, au-delà des calculs politiques, «il y a d’autres explications que celles qu’on nous donne. Tout est beaucoup plus personnel et passionnel». Durant toute la campagne, la mésentente grandissante entre Éric Zemmour et Sarah Knafo d'un côté, Marion Maréchal et ses lieutenants de l'autre, avait été palpable. Aujourd'hui, elle a éclaté au grand jour.