«Il ne sera plus président des LR à 15h.» Pour la sénatrice Les Républicains (LR) de Paris Agnès Evren, présente sur le plateau de BFMTV ce 12 juin, l’annonce d’un accord entre son parti et le Rassemblement national (RN) pour les élections législatives par Éric Ciotti le condamne à quitter la présidence de cette formation politique. Une déclaration qui suit celle de l’immense majorité des cadres du parti de droite.
«Depuis 13h, j’ai reçu des milliers de messages de soutien au rassemblement des droites. Merci pour votre confiance», s’exprimait pourtant Éric Ciotti la veille au soir sur le réseau social X (ex-Twitter) après une journée éprouvante et la condamnation de son accord électoral avec le RN.
Tous les cadres ou presque de son parti l’ont désavoué : Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Gérard Larcher, Olivier Marleix ou encore François-Xavier Bellamy. Son ancien opposant pour la présidence du parti et actuel président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau a ainsi évoqué sur LCI le 11 juin «une double faute, une faute sur le fonds et sur la manière», affirmant même : «Éric Ciotti nous a menti.» Pour lui, il s’agit d’une initiative personnelle «sans doute vis-à-vis de Nice», la ville que le président de LR entend prendre à son adversaire passé chez Emmanuel Macron Christian Estrosi.
Éric Ciotti «ne peut plus présider notre mouvement et doit se démettre de son mandat de président», a pour sa part estimé le président du Sénat, Gérard Larcher. Même Laurent Wauquiez, qui aurait, selon le journaliste Jean-Jacques Bourdin, apporté son soutien à Éric Ciotti pour cet accord, a désavoué son président en déclarant qu'il entendait porter «la voix d’une droite républicaine, forte et indépendante, qui refuse l’impuissance du "en même temps" et le saut dans l’inconnu et l’incompétence du RN».
Éric Ciotti a cependant pu compter sur le soutien de plusieurs élus, notamment ceux du président des Jeunes républicains Guilhem Carayon, de l’eurodéputée Céline Imart ou de la députée Christelle D’Intorni.
Ciotti ordonne la fermeture du siège du parti
La situation pourrait cependant pourrir chez les Républicains. À en croire le reporter politique Nathalie Shuck, sur France 5, «pour convoquer un bureau politique des Républicains il faut au moins huit jours, donc cela interviendrait après les investitures des législatives et Éric Ciotti a une arme entre les mains : la consultation électronique des militants».
Éric Ciotti a refusé ce 12 juin au matin l’organisation d'un bureau politique, indiquant que celui-ci devait être convoqué par le président ou un quart des membres du Conseil national LR, avant d'ordonner à la mi-journée la fermeture du siège du parti : «Le président [Éric Ciotti] a décidé de fermer les portes du siège à 12 heures ce jour. Tout le monde doit donc quitter le bureau et continuer en télétravail», indique un email aux salariés dévoilé par Le Figaro.
Éric Zemmour isolé à droite et dans son propre parti
De son côté, l'autre parti de droite, Reconquête, qui n'a obtenu que 5,1% des suffrages le 9 juin, n’a pas pu trouver d’accord avec le RN.
Éric Zemmour avait pourtant tenté un geste, annonçant le 11 juin sur CNews : «Je ne me présenterai pas aux législatives.» Il avait justifié sa décision par la présence d’un député RN sortant dans sa circonscription, ne souhaitant «pas empêcher sa réélection».
Marion Maréchal, qui est désormais eurodéputée, avait pris l’initiative de négocier directement avec Jordan Bardella et Marine Le Pen, avec le soutien des eurodéputés de Reconquête Nicolas Bay, Guillaume Peltier et Laurence Trochu. Seule la compagne d’Éric Zemmour, Sarah Knafo, ne figurait pas parmi les nouveaux députés européens la soutenant.
Mais le même jour en début d’après-midi, Marion Maréchal a rapporté avoir échoué à trouver un accord avec le RN, arguant que le parti de Jordan Bardella ne souhaitait «aucune association directe ou indirecte avec Éric Zemmour». À droite, les rancœurs sont tenaces depuis les critiques acerbes de l'ancien polémiste à l'encontre du RN et de Marine Le Pen, celui-ci s'étant lancé en politique convaincu de l'incapacité de cette dernière à l'emporter.