«La démission du président n’est pas un tabou. Oui, il faut aujourd’hui envisager tous les scénarios.» Cité par la radio Europe 1 ce 11 juin au matin, un proche du président a dessiné les contours d’un scénario catastrophe pour la majorité. Si ces propos ont été rapidement démentis par l’Élysée, puis Emmanuel Macron lui-même dans un entretien au Figaro Magazine, il n'en reste pas moins que l'atmosphère électorale vire au drame en France.
Les lieutenants d’Emmanuel Macron invoquent de Gaulle
Qui dit rumeurs dit commentaires dans les médias français : les comparaisons avec le général de Gaulle, qui avait démissionné en avril 1969 après avoir engagé son mandat sur un référendum, vont bon train chez les éditorialistes et sont renforcés par les prises de parole de lieutenants du président.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est exprimé à ce sujet dans le journal de 20h de TF1 le 10 juin, estimant que la dissolution était «un acte gaulliste». La veille, le ministre Stanislas Guérini affirmait de son côté sur le plateau de BFMTV : «On est dans un moment qui est grave.» Et d’estimer que le président faisait «un choix de responsabilité».
Le ton avait d'ailleurs été donné dès dimanche soir avec le président commentant sa propre dissolution en décrivant : «Une décision grave, lourde, mais avant tout un acte de confiance en vous.»
La gauche presque unie dans un «Front populaire»
La France insoumise a publié le 10 juin un texte signé par l’ensemble des gauches qui ont participé à la Nupes : socialistes, communistes, écologistes et Insoumis. Le bloc des gauches appelle à un «nouveau Front populaire». La gauche partira donc unie mais devra composer avec la défection d’une partie des troupes socialistes et apparentés.
Le chef de file de la liste socialiste aux européennes, Raphaël Glucksmann, hostile aux Insoumis, met dans la balance des conditions qui empêcheront un accord en réclamant de ses potentiels partenaires qu’ils défendent «l’aide militaire à la résistance ukrainienne». Celui qui a talonné la majorité macroniste lors des européennes est suivi par des cadres socialistes, à l’image du maire de Paris Anne Hidalgo et d’anciens responsables comme Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre de François Hollande.
Accords possibles à droite ?
Le président des Républicains Éric Ciotti pourrait créer la surprise en annonçant des accords électoraux avec le RN. Selon le journaliste Jean-Jacques Bourdin, il aurait reçu l’accord de Laurent Wauquiez pour cela. Une alliance qui devrait faire débat alors que le président du groupe LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, y est opposé. Sur son compte X (ex-Twitter) ce dernier a été ferme à ce propos : «Nous serons candidats sous nos couleurs. Sans arrangements. Aucun.»
Du coté de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour, la tête de file aux européennes Marion Maréchal a rencontré Marine Le Pen et Jordan Bardella le 10 juin. Elle se dit soutenue par ses colistiers élus eurodéputés Laurence Trochu, Nicolas Bay et Guillaume Peltier. Seule Sarah Knafo, la compagne d’Éric Zemmour, n’est pas évoquée par l’ancienne député de Vaucluse.
Ce 11 juin au matin, Marion Maréchal a poursuivi ses rencontres de personnalités de droite avec Nicolas Dupont-Aignan.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale actée par Emmanuel Macron dans la foulée de la défaite cinglante du parti présidentiel aux élections européennes le 9 juin, des élections législatives auront lieu en France les 30 juin et 7 juillet prochains. Du résultat de ce scrutin dépend la formation d’un nouveau gouvernement.