France

Etat d’urgence et assignations à résidence : des cas pas toujours légitimes, dénoncent certains

En France, où l'état d'urgence a été prolongé pour trois mois par le gouvernement suite aux attentats de Paris, les mesures antiterroristes s'en prennent parfois à des cibles insolites, provoquant l'incompréhension de certains assignés à résidence.

C’est par exemple le cas d’un couple de français qui avaient signalé le départ de plusieurs de leurs proches vers la Syrie à la Sous-direction antiterroriste. Alors que les services de renseignement lui demandent de garder le contact avec les personnes suspectées, l’homme accepte de coopérer. Aujourd’hui, il se retrouve assigné à résidence parce qu'on lui reproche... ses relations en Syrie.

Des maraîchers bio du Périgord ont eux aussi été victimes d’une situation insolite liée à l’état d’urgence. Leur ferme, où ils produisent des légumes, a été perquisitionnée pendant près de trois heures par des policiers, qui ont au final fait chou blanc. Le motif ? Le préfet de Dordogne avait signé un ordre de perquisition pour rechercher des «personnes, armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités à caractère terroriste». «Ils s’attendaient à quoi, des légumes piégés ?», remarque ironiquement l’une des habitantes de la ferme, dans le magazine d’information Basta.

On peut également évoquer le cas de Karim (prénom d’emprunt), rapporté par l’agence de presse française AFP, assigné à résidence alors qu’il s’estime totalement innocent. Selon l’arrêté de la police, il serait «très radical» et se serait «publiquement félicité» des attentats qui avaient frappé le journal satirique Charlie Hebdo en janvier. Mais ces accusations laissent Karim complètement abasourdi. L’avocat de cet homme inconnu des services de justice estime que les faits reprochés ne reposent «sur rien». Quant à son épouse, elle déplore : «on nous tombe dessus (…) parce qu’on est des musulmans».

Proclamé après les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts à Paris, l’état d’urgence a ensuite été prolongé de trois mois par le gouvernement, qui invoque le besoin de «lutter sans merci contre le terrorisme et contre toutes les menaces à l’ordre public». Quelques 260 personnes ont depuis lors été assignées à résidence.