France

«Crise démocratique», candidate «invisibilisée» : en France, des oppositions s'indignent du débat Attal-Bardella

Le débat organisé le 23 mai par la télévision publique française entre la tête de liste RN aux européennes Jordan Bardella et le Premier ministre Gabriel Attal a provoqué l’indignation de plusieurs responsables d'opposition ainsi que de journalistes.

«C’est une mise en scène, qu’est-ce qui permet d’organiser la confrontation entre ces deux personnes ?», s'est indigné le 23 mai le chef de file des Républicains (LR) pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy. «Rien ne justifie que ce soir le service public mette en scène ce débat. Rien, ni les sondages ni la réalité du débat européen», a insisté le candidat, convié sur France 2 pour commenter le débat qui venait d'avoir lieu entre le Premier ministre Gabriel Attal et la tête de liste Rassemblement national Jordan Bardella.

Pour le chef de file des LR, il s’agit d’un «signe d’une crise démocratique assez profonde». En effet, si Jordan Bardella est candidat au scrutin européen, Gabriel Attal, lui, n’est pas en lice dans l’élection et la liste de la majorité est menée par Valérie Hayer, qui n’a pas figuré dans ce débat organisé en vue des élections.

«Où est la candidate ?»

«Qui est tête de liste de la majorité présidentielle ?», a interrogé l'eurodéputé Les Républicains. «Où est la candidate ?», a-t-il insisté, assurant avoir du «respect pour [elle]. Elle mène cette liste, elle est courageuse».

«Plus de la moitié» des Français «ne se reconnaissent pas dans le débat» qui vient d’avoir lieu, a encore estimé François-Xavier Bellamy. Des déclarations qui lui ont valu le soutien de ses concurrents politiques et du monde médiatique.

«François-Xavier Bellamy a raison», a réagi sur la plateforme X (ex-Twitter) la tête de liste du Parti socialiste Raphaël Glucksmann, donné troisième dans les sondages. Et de décrire le débat animé sur France 2 comme étant un «déni de démocratie».

Daniel Schneidermann, ancien grand reporter au Monde, fondateur d'Arrêt sur Image et chroniqueur à Libération, a également rendu «hommage» à François-Xavier Bellamy et a qualifié sa consœur qui lui faisait face, Caroline Roux, d’«infecte». «Et si le vainqueur du débat […] des européennes entre Bardella et Attal était Bellamy ?», s’est de son côté interrogé le journaliste et directeur-adjoint du Figaro Jean-Christophe Buisson.

Hayer, candidate «invisibilisée»

L’eurodéputée socialiste Aurore Lalucq s’est quant à elle indignée sur BFMTV, estimant «inadmissible» la façon dont Valérie Hayer était «invisibilisée». Elle a évoqué sur ses réseaux sociaux un «duel narcissique [...] devenu un duo mortifère pour la démocratie», regrettant l’absence du chef de file de sa liste Raphaël Glucksmann. Des propos qui font écho à ceux de la journaliste Nora Hamadi également sur BFMTV quelques minutes plus tôt, estimant que Valérie Hayer «est complètement évincée».

Concernant l’absence de Raphaël Glucksmann, il convient de relever que les dernières études d’opinion donnent le candidat socialiste au coude-à-coude avec Valérie Hayer (14% des intentions de vote contre 16%), laissant planer le risque de voir la liste portant les couleurs de la majorité présidentielle être dépassée par celle du candidat de gauche.

Le prochain débat entre les principaux candidats aux élections européennes aura lieu le 27 mai. Le parti présidentiel sera, cette fois, représenté par sa tête de liste Valérie Hayer, face à d'autres «principales têtes» de liste.