France

Réforme des retraites : l'intersyndicale appelle à une nouvelle mobilisation le 6 avril (EN CONTINU)

Pour la 10e grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites, «plus de deux millions» de personnes ont manifesté dans tout le pays, selon la CGT, contre 740 000, selon les autorités. Une nouvelle journée d'action est prévue le 6 avril.

Mardi 28 mars

Le Premier ministre, Elisabeth Borne, a invité les syndicats à Matignon «lundi [3 avril] ou mardi [4 avril]» prochain, a indiqué sur TMC le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. «L’invitation a été envoyée à l’ensemble des membres» de l’intersyndicale, a confirmé l'entourage d'Elisabeth Borne à l'AFP.

L'intersyndicale a appelé à une 11e journée de «grève et de manifestations» le 6 avril, estimant que «l'absence de réponse de l'exécutif conduit à une situation de tensions» inquiétante.

Le préfecture de police de Paris a annoncé que 55 interpellations avaient eu lieu dans la capitale.

«Plus de deux millions de personnes» ont manifesté en France pour la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon un premier décompte de la CGT.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé que 740 000 personnes avaient défilé en France.

Selon la préfecture de police, 93 000 manifestants ont défilé à Paris.

Selon la CGT, 60 000 personnes ont manifesté à Nantes contre 18 000 d'après la préfecture.

De premiers heurts entre forces de l'ordre et un groupe de plusieurs centaines de personnes se sont produits mardi à Paris en tête de la manifestation contre la réforme des retraites, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Certains membres de ce groupe ont pillé un commerce Leclerc et allumé un feu de poubelles. Les forces de l'ordre ont chargé pour «disloquer» «le bloc», permettre «l'intervention des pompiers» et «faciliter la progression du cortège», a indiqué la préfecture de police, qui a fait état de 22 interpellations peu avant 17h. 

La CGT annonce 450 000 manifestants dans la capitale.

«La France ne se mène pas à coups de trique», a prévenu Jean-Luc Mélenchon depuis la manifestation parisienne contre la réforme des retraites, estimant que même «des gens dans la majorité se disent que tout ça est fou». L'insoumis faisait référence à la fin de non-recevoir du gouvernement à la «médiation» proposée par le patron de la CFDT Laurent Berger pour «trouver une voie de sortie» à la crise sociale, proposition à laquelle les députés Modem se sont dits favorables.

«C'était utile que des propositions soient faites, Laurent Berger l'a fait, j'en ai fait une aussi qui était de remettre tout le dossier des retraites au conseil d'administration de la sécurité sociale», a souligné Jean-Luc Mélenchon. «Ce pouvoir ne veut de rien sinon faire passer de force son texte», a-t-il ajouté. «L'attitude de Borne ne nous laisse la possibilité que d'un seul mot d'ordre : "Qu'elle s'en aille elle et sa réforme."», a-t-il conclu.

La CGT de la filière déchets et assainissement a annoncé la suspension, à partir du 29 mars, de la grève des éboueurs de Paris et du blocage des incinérateurs, qui ont provoqué l'amoncellement des ordures dans les rues de la capitale depuis le 6 mars.

«Nous avons besoin de rediscuter avec les agents de la filière déchets et assainissement de la ville de Paris afin de repartir plus fort à la grève [...] car nous n'avons presque plus de grévistes», reconnaît dans un communiqué la CGT-FTDNEEA qui rassemble les éboueurs, égoutiers, conducteurs de bennes de la capitale.

«C'est pour cela que nous suspendons notre mouvement de grève et de blocage à partir du mercredi 29 mars», annonce le syndicat qui dit «à bientôt aux salariés toujours en grève et en lutte», car «nous allons ressurgir». «Le combat n'est pas terminé, Macron et Borne doivent retirer cette réforme et se mettre à la table des négociations», réaffirme le syndicat majoritaire dans la filière.

Les forces de l'ordre ont fait usage d'un canon à eau et de gaz lacrymogène face aux manifestants à Rennes. Selon BFM TV, environ 500 manifestants munis de parapluies et de boucliers improvisés ont formé un cortège de tête qui a incendié du mobilier urbain et lancé des projectiles sur les policiers, le tout en déviant de l'itinéraire déclaré par les syndicats.

En marge de la dixième journée de manifestation à Saint-Etienne le 28 mars, la police s'est interposée face à des manifestants cagoulés qui tentaient de pénétrer dans les locaux de la permanence du député Renaissance Quentin Bataillon. 

A Rennes, où 22 000 personnes ont battu le pavé contre 13 600 lors de la précédente journée de mobilisation d'après les chiffres de la préfecture, de premières tensions sont apparues en début d'après-midi après un départ de défilé relativement calme, selon un journaliste de l'AFP. Une agence d'assureur a notamment été saccagée en centre-ville, selon cette source.

De premiers heurts entre des manifestants opposés à la réforme des retraites et les forces de l'ordre ont éclaté en début d'après-midi à Nantes, où une agence bancaire a été incendiée et le tribunal administratif visé, a constaté une journaliste de l'AFP.  Après un début de défilé calme, les premières violences ont eu lieu avec des projectile lancés par de jeunes manifestants sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des jets de gaz lacrymogènes, selon la même source.

Suivez en direct la manifestation à Paris.

Selon la direction de la Tour Eiffel, le monument est fermé en raison de la grève.

Les députés MoDem, membres de la majorité présidentielle, sont favorables à la mise en place d'une médiation autour de la réforme des retraites, comme le propose le leader de la CFDT Laurent Berger, ont-ils annoncé, à rebours du gouvernement.

«C'est bien d'avoir une ou deux personnes pour essayer de retrouver le dialogue et avoir un certain recul», a souligné le président de groupe centriste Jean-Paul Mattei, lors d'un point presse à l'Assemblée. «Un médiateur ne s'immisce pas dans le fond, il est là pour retrouver du liant et arriver à se parler, c'est ça qui est important. Il faut quelqu'un qui ne soit pas impliqué» directement sur la réforme, a insisté ce proche de François Bayrou.

«Nous appelons de nos vœux et encourageons une médiation, si elle est possible», a ajouté son collègue Philippe Vigier.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a opposé une fin de non-recevoir à la demande de médiation formulée par le leader de la CFDT Laurent Berger, opposé à la réforme des retraites, estimant qu'«on peut se parler directement». 

«Nous saisissons la proposition de Laurent Berger de se parler, mais directement. Nul besoin de médiation», a assuré le porte-parole, lors du compte-rendu du conseil des ministres.

«Le président de la République l'a dit : il est prêt à recevoir l'intersyndicale dès lors, parce que nous respectons nos institutions, que le Conseil constitutionnel se sera prononcé sur la conformité de notre texte de loi», a-t-il ajouté.

Un millier de manifestants a envahi les voies de la Gare de Lyon la Gare de Lyon, a constaté un journaliste de l'AFP. Partis de la Gare de Lyon vers 11h, les manifestants ont progressé dans le calme sur deux kilomètres, avec banderoles et fumigènes.

En gare, les trains affichaient des retards au départ comme à l'arrivée, allant jusqu'à deux heures pour un TGV venant de Lyon. Dans le cortège, de nombreux cheminots rendaient hommage à leur collègue, militant Sud-Rail, qui a perdu un œil le 23 mars lors de la manifestation parisienne.

«Nous sommes et nous resterons le rempart à la violence illégitime et dangereuse», a assuré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, lors du compte-rendu du Conseil des ministres.

«Nous respectons les grèves et les manifestations mais nous serons particulièrement vigilants à ce qu'elles ne donnent pas lieu à de nouveaux débordements, et ce grâce à la mobilisation exceptionnelle des forces de l'ordre, que nous saluons, mais aussi à l'engagement des services d'ordre des organisations syndicales», a-t-il ajouté.

Le ministère de l'Education a fait état de 8,37% d'enseignants grévistes pour cette nouvelle journée d'action, dont 7,60% dans le primaire et 9,13% dans le secondaire (collèges et lycées), dans un communiqué.

Côté syndical, le premier syndicat en collèges et lycées, Snes-FSU, comptait à midi «autour de 30% de professeurs grévistes», selon sa secrétaire générale Sophie Vénétitay.

Devant le lycée Thiers, le plus coté de Marseille, des conteneurs à poubelles entravent les différentes entrées. Seuls les élèves de Terminales passant des épreuves du bac ou les élèves des classes préparatoires peuvent entrer.

Selon le rectorat Aix-Marseille, le lycée Mistral à Avignon ainsi que les lycées Thiers et Montgrand à Marseille sont bloqués.

Dans le Sud-Est, la faculté de Lettres à Nice est bloquée, selon la préfecture des Alpes-Maritimes

A Lille, le campus scientifique est fermé «par mesure de sécurité», selon l'administration, «bloqué» selon la Fédération syndicale étudiante et Sud.

Au Havre, le lycée Claude Monet est bloqué par des lycéens, de même qu'à Rouen le lycée Jeanne d'Arc, selon la préfecture de Seine-Maritime.

Au Havre, environ 50 personnes poursuivent le blocage du centre dédié à l’épuration de l'eau et à la gestion des déchets, empêchant les employés de prendre leur poste ou de sortir les camions poubelles.

A Rennes, des manifestants sur les voies SNCF et un feu sous un pont ont arrêté la circulation des trains sur la ligne Rennes/Saint-Brieuc, selon la préfecture. Le réseau de bus de la métropole est aussi affecté car le dépôt principal est bloqué par des manifestants, selon Star, gestionnaire.

Les aéroports de Montpellier et de Quimper ont vu leur trafic interrompu en raison de la grève de contrôleurs aériens, selon la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC). La plateforme de Montpellier-Méditerranée a rouvert à 9h, tandis que celle de Quimper-Pluguffan restera fermée jusqu’à 14h, entrainant des retards.

Au-delà des aéroports, les arrêts de travail des aiguilleurs du ciel touchent les Centres en route de la navigation aérienne (CRNA, gestion des avions qui transitent par l'espace aérien français), entrainant des répercussions sur l'ensemble du trafic européen.

Dans le nord de Lille, une centaine de manifestants occupent deux gros rond-point desservant le centre régional de transport (CRT) de Lesquin, un centre logistique majeur, entraînant des perturbations jusque sur l'A1 reliant Paris à Lille, et l'A23 en direction de Valenciennes, a indiqué Rémy Quéant, secrétaire général FO Transport Lille. «Beaucoup d'entrepôts ne seront pas livrés aujourd'hui», a-t-il expliqué à l'AFP.

«Macron a cherché à amalgamer tout le monde dans sa volonté d'expliquer que les manifestants n'étaient pas légitimes», a fait valoir le patron du PS Olivier Faure sur Franceinfo. «Sa détermination à ne jamais écouter les Français, elle conduit au chaos», a-t-il estimé.

«Il y a aujourd'hui un problème de maintien de l'ordre. Les violences sont inacceptables, d'où qu'elles viennent, mais l'ordre républicain doit être assuré de manière juste et ne pas être dans le débordement», a-t-il aussi déploré.

«C'est une ficelle un peu grosse quand même que d'avoir un président de la République qui joue le pourrissement, qui n'écoute pas, qui est méprisant, qui suscite de la colère, une colère incontrôlable, une colère que je ne cautionne pas», a dénoncé sur Europe 1 le patron du PCF Fabien Roussel.

Selon lui, Emmanuel Macron «joue l'opinion contre les syndicats» et il y a «une volonté de la part du président de la République de radicaliser le mouvement, de susciter la colère».

Le numéro un de la CFDT Laurent Berger a demandé à l'exécutif de mettre en place une «médiation» pour «trouver une voie de sortie» à la crise sociale. «Il faut prendre un mois, un mois et demi, pour demander à une, deux, trois personnes de faire de la médiation», a déclaré Laurent Berger sur France Inter, appelant à un «geste d'apaisement pour trouver une voie de sortie».

Il a de nouveau appelé à «mettre en suspens la mesure des 64 ans» qui cristallise les oppositions, estimant que «rentrer dans un processus de médiation» serait «un geste fort à poser» de la part de l'exécutif. 

Plusieurs établissements scolaires parisiens ont été bloqués dans la matinée. C'est le cas notamment du lycée Turgot, de la cité internationale Honoré de Balzac ou encore du lycée Lamartine. Des lycées ont également été bloqués à Toulouse ou à Bordeaux.

Des cheminots SNCF se sont rassemblés au Technicentre de Châtillon pour empêcher les trains de sortir.

Des manifestants se sont rassemblés au garage de camions bennes d'Aubervilliers et ont mis en place un barrage filtrant.

Selon le média Révolution permanente, à Rouen, des cheminots et des étudiants ont organisé un barrage filtrant au niveau de la gare.

Des blocages ont été signalés sur la rocade de Rennes. Certains manifestants ont allumé des feux occasionnant près de 45km de bouchons, selon la presse locale.

A Lille, avant même la manifestation de 14h30, un cortège non déclaré s'est formé dans le centre avant 8h, défilant devant le Conseil régional, la gare de Lille, avant de rejoindre un lycée mobilisé, ont indiqué des militants. L’entrée principale de la gare de Lille Flandres a été temporairement fermée a indiqué la SNCF.

A Caen, le périphérique a été coupé dans les deux sens par des manifestants.

La circulation sur le périphérique nantais a été perturbée en raison d'actions de manifestants, d'après Bison Futé.

Une nouvelle journée de mobilisation est organisée ce 28 mars contre la très contestée réforme des retraites, adoptée suite à l'utilisation de l'article 49.3 par Elisabeth Borne et le rejet des deux motions de censure déposées contre le gouvernement.

La circulation des trains sera notamment «fortement perturbée» sur certaines lignes a fait savoir la SNCF avec l'entrée dans sa quatrième semaine de la grève reconductible lancée par les syndicats de cheminots. 

Des rassemblements sont prévus aux quatre coins du pays à l'appel de l'intersyndicale et des syndicats lycéens et étudiants. A Paris, le cortège s'élancera à 14 heures de la Place de la République pour se rendre à la Place de la Nation, selon un communiqué de la Préfecture de Police de Paris.

Malgré un climat social explosif et une opposition massive des Français à la réforme selon différents sondages, l'exécutif entend, pour l'heure, se montrer inflexible malgré les nombreuses manifestations spontanées qui se poursuivent à travers le pays.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ainsi annoncé qu'un «dispositif de sécurité inédit» sera déployé pour cette 10e journée de mobilisation avec «13 000 policiers et gendarmes, dont 5 500 à Paris».