France

Réforme des retraites : mobilisation record, deux nouvelles journées d'action les 7 et 11 février

Selon la CGT, 2,8 millions de personnes ont manifesté en France contre la réforme des retraites. Ils étaient 1,2 millions d'après le ministère de l'Intérieur. Les syndicats ont appelé à des journées d'action les 7 et 11 février.

Mardi 31 janvier

Selon le ministère de l'Intérieur, 1,212 millions de manifestants ont défilé dans toute la France.

Les syndicats appellent à des nouvelles mobilisations les 7 et 11 février contre la réforme des retraites.

La SNCF a supprimé 7 199 trains sur 9 633 prévus hors d'Ile-de-France, lors de la deuxième journée de grève contre la réforme des retraites, selon des données ouvertes du groupe public analysées par l'AFP. Dans le détail, la compagnie a supprimé 423 TGV sur 650 (65%), 6 706 TER sur 8 901 (75%) et 68 Intercités sur 74 (92%), ainsi que 2 Ouigo Train Classique sur 8 (25%), soit un taux d'annulation global de presque 75%.

Ces données ne prennent pas en compte la banlieue parisienne (Transilien), qui habituellement concentre 40% des trains SNCF et transporte 70% des clients SNCF Voyageurs. Leur circulation était très perturbée le 31 janvier, avec seulement 1 train sur 10 sur de nombreuses lignes et de nombreux tronçons ne fonctionnant qu'aux heures de pointe ou pas du tout.

Selon la CGT, 2,8 millions de personnes ont manifesté dans tout l'Hexagone.

D'après la préfecture de police de Paris, 87 000 personnes ont défilé à Paris alors que la CGT annonce 500 000 participants.

Selon le cabinet Occurrence, régulièrement critiqué, 55 000 personnes étaient présentes dans le défilé parisien.

Le police a annoncé avoir procédé à 7 000 contrôles «en périphérie de la manifestation» parisienne.

23 interpellations ont été effectuées à Paris, d'après la préfecture de police de la capitale.

Selon des images de l'agence Ruptly, plusieurs personnes ont été blessées lors de la dispersion de la manifestation parisienne.

La police a largement fait usage de gaz lacrymogène sur la place Vauban, à quelques encablures des Invalides, où la manifestation parisienne devait se disperser, selon notre journaliste présent dans le cortège Lucas Léger.

D'après notre journaliste sur place dans la manifestation parisienne Lucas Léger, les forces de l'ordre ont atteint les cortèges des syndicats.

Des interpellations ont également eu lieu.

Les tensions se poursuivent lors de la dispersion du cortège parisien, selon des images de l'agence Ruptly. Les forces de l'ordre chargent la foule et essuient des tirs de projectiles. Elles font également usage de gaz lacrymogène.

Selon notre journaliste dans le cortège parisien, Lucas Léger, la dispersion de la manifestation est entachée de casse. Les forces de l'ordre continuent de faire usage de gaz lacrymogène.

Devant les journalistes, l'ancienne candidate Rassemblement national à la présidentielle et députée du Pas-de-Calais, Marine Le Pen, a assuré soutenir la mobilisation contre la réforme des retraites.

Selon des images de notre journaliste sur place Lucas Léger, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes.

Certains manifestants ont eux mis le feu à une poubelle et aux déchets qu'elle contenait.

D'après les autorités, la mobilisation pour cette deuxième grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites a été en hausse, ou stable, sur une très grande majorité du territoire.

Ainsi, selon la même source, 40 000 personnes étaient présentes à Marseille (26 000 le 19 janvier), un record depuis près de vingt ans, 28 000 à Nantes (25 000), 25 000 à Montpellier, 23 000 à Rennes, 10 000 à Châteauroux, 7 500 à Béziers, 5 000 à Calais, 4 500 à Sète ou encore 4 300 à Guéret, soit une hausse par rapport à la mobilisation du 19 janvier.

L'affluence était stable, selon les autorités, dans plusieurs villes. 34 000 (36 000) personnes ont défilé à Toulouse, 16 500 à Bordeaux, 14 000 à Rouen, 10 500 à Strasbourg ou 7 000 à Nice.

De leur côté, les syndicats ont donné des chiffres en large hausse.

Selon notre journaliste sur place Lucas Léger, des tensions ont lieu dans la manifestation parisienne. Les forces de l'ordre procèdent à des arrestations.

D'après notre journaliste dans le cortège parisien Lucas Léger, les forces de l'ordre protègent la brasserie de La Rotonde, dans laquelle Emmanuel Macron avait fêté sa qualification pour le second tour de la présidentielle en 2017.

La manifestation parisienne a rassemblé 500 000 personnes, a indiqué à l'AFP la CGT, alors que le chiffre des autorités n'était pas immédiatement disponible. Lors de la précédente journée de mobilisation le 19 janvier, le syndicat avait dénombré 400 000 participants dans la capitale, contre 80 000 selon le ministère de l'Intérieur.

Les forces de l'ordre interviennent à Paris après qu'une agence bancaire a été dégradée.

Et interpellent plusieurs individus.

Près de deux fonctionnaires sur dix (19,4%) étaient en grève en milieu de journée dans la fonction publique d'Etat, contre 28% lors de la première journée de mobilisation contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, selon le ministère de la Fonction publique.

Dans la fonction publique territoriale, le taux de grévistes était en baisse également, à 7,9% contre 11,3% le 19 janvier, de même que dans la fonction publique hospitalière (8,5% contre 9,9%), précise le ministère. 

La manifestation à Nantes a rassemblé entre 28 000, selon la police, et 65 000 personnes, selon les syndicats, soit davantage que lors de la dernière mobilisation du 19 janvier. Ce jour-là, les manifestants étaient entre 25 000, selon la police, et 50 000, selon les syndicats.

Selon les autorités, 40 000 personnes ont défilé à Marseille, contre 26 000, d'après la même source, le 19 janvier.

La CGT a quant à elle fait état de la présence de 205 000 manifestants dans la cité phocéenne. 

Selon des images mises en ligne par un journaliste du Télégramme, des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants à Rennes. La police a fait usage de gaz lacrymogènes.

Le cortège parisien s'est mis en route, selon des images de notre journaliste sur place Lucas Léger.

La direction d'EDF a annoncé un taux de grévistes de 40,3%, contre 44,5% le 19 janvier dernier.

Le cortège parisien s'apprête à s'élancer, selon notre reporter sur place Lucas Léger.

D'après notre journaliste sur place, Lucas Léger, les manifestants arrivent petit à petit sur la place d'Italie à Paris, d'où doit s'élancer le cortège.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants, entre 80 000 selon les syndicats et 34 000 selon la préfecture, ont défilé dans les rues de Toulouse, marquant «une vraie montée en puissance» par rapport à la première mobilisation du 19 janvier, selon la CGT.

«Il y a une vraie montée en puissance par rapport au 19 [janvier]. Il y a des jeunes, des vieux, du public, du privé et beaucoup de primo-manifestants», s'est félicité Cédric Caubère, chef de file de la CGT Haute-Garonne. Le 19 janvier, les défilés avaient réuni à Toulouse plus de 50 000 manifestants selon les organisateurs, et 36 000 selon la préfecture.

Le taux de grévistes atteint 36,5% à la SNCF, contre 46,3% lors de la première journée, le 19 janvier, a appris l'AFP de source syndicale. La direction de la SNCF n'a pas souhaité confirmer ces chiffres, présentés comme provisoires et qui ne comportent pas de ventilation par métiers. 

Revivez en direct la mobilisation à Paris.

205 000 personnes participent à la manifestation à Marseille, selon des chiffres communiqués par la CGT.

Une nette hausse de la participation par rapport à la mobilisation du 19 janvier (145 000).

Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a affirmé qu'il y avait «plus de monde» dans la rue que lors de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites du 19 janvier, peu avant le départ du cortège parisien.

«Tout ce qui nous remonte partout en France, ce sont de très très gros chiffres, largement aussi bien voire mieux que le 19 janvier dernier», a-t-il déclaré, tandis que son homologue de la CGT Philippe Martinez a jugé qu'ils étaient «au moins aussi nombreux».

Le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, chiffre à 55% le nombre de professeurs des collèges et des lycées en grève.

A Nîmes, les entrées de la maison d'arrêt ont été bloquées et l'extraction de détenus rendue impossible, selon une source syndicale s'exprimant auprès de l'AFP.

A La Réunion, plus de 10 000 personnes selon les organisateurs, 7 300 selon la préfecture, ont manifesté dans les deux principales villes de l'île.

Selon un de nos confrères de Presse Océan, à Saint-Nazaire, «il y a moins autant de monde que le 19 janvier».

Florian Philippot, leader des Patriotes, s'est rendu en compagnie de quelques partisans devant le siège parisien de la multinationale américaine Blackrock.

«BlackRock exige, Ursula ordonne, Macron attaque ! Allons au fond des problèmes pour les résoudre !», a-t-il expliqué sur Twitter.

D'après le ministère de l'Education nationale, 26,65% des enseignants dans le primaire sont en grève et 25,22% dans le secondaire.

1 200 manifestants sont réunis à Verdun, d'après les autorités citées par L'Est Républicain. Un chiffre confirmé par les syndicats.

Selon Le Média, la police est intervenue dans la matinée pour débloquer le dépôt RATP de Lagny.

D'après Le Mensuel de Rennes, «la mobilisation semble encore très importante à Rennes».

D'après un journaliste du bi-hebdomadaire local Le Pays d'Auge, plus de 2 500 personnes ont manifesté à Lisieux (Calvados), «du jamais-vu depuis 1995».

D'après un de nos confrères de 20 Minutes, à Marseille, «le Vieux-Port est bien plein [...] Ça déborde sur Canebière, République et jusqu’à la mairie».

Selon France Bleu Occitanie, le défilé toulousain «approchera sans doute les 30 000 participants».

«Monsieur Macron est certain de perdre», a assuré Jean-Luc Mélenchon à Marseille, lors de la deuxième journée de manifestation contre le projet de réforme des retraites, estimant que la France était «en train de vivre une journée historique».

«C'est une situation tout à fait exceptionnelle, il y aura un avant et un après», a-t-il ajouté, se félicitant de cette «forme d'insurrection citoyenne» et en appelant à un référendum contre cette réforme dont «personne ne veut».

La nouvelle mobilisation dans les rues contre la réforme des retraites représente un combat du «peuple» français «face à la caste et à son gouvernement», a affirmé le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon.

«Ce jour n'est pas un jour ordinaire. C'est le jour du plein soleil du peuple. Il défend son droit à une existence humaine face à la caste et à son gouvernement», a-t-il écrit sur Twitter.

La raffinerie de Normandie compte 75% de grévistes, celles de Feyzin (Rhône) et Donges (Loire-Atlantique) respectivement 80 et 90% de grévistes, un taux qu'on retrouve à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), et le dépôt de carburants de Flandres (Nord) est en grève à 100%, selon Eric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalEnergies.

«Suite à l’appel à la grève, les expéditions de produits au départ des sites de TotalEnergies sont interrompues ce jour mais TotalEnergies continuera à assurer les approvisionnements de son réseau de stations-service et ses clients», a indiqué la direction du groupe.

Opposés au projet de réforme des retraites, les grévistes d'EDF ont occasionné dans la nuit du 30 au 31 janvier des baisses de charges dans les centrales électriques de «près de 3 000 MW», soit l'équivalent de trois réacteurs nucléaires, mais sans provoquer de coupures, a appris l'AFP auprès de la CGT et du site internet d'EDF.

Plusieurs centrales nucléaires, mais également la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) ou la centrale thermique de Martigues (Bouches-du-Rhône) étaient touchées par ce mouvement qui n'avait «aucun impact» pour les usagers mais affectait «les échanges commerciaux» d'énergie, selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.

Interrogé sur BFM TV, le leader de la CGT, Philippe Martinez, a annoncé espérer que les manifestants seront «au moins autant si ce n'est plus que le 19 janvier».

Des centaines de milliers de manifestants sont attendus dans les rues de France pour un deuxième round de mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats tablant sur une participation encore plus massive que lors de la journée du 19 janvier

Celle-ci avait rassemblé environ un million de manifestants selon les autorités et plus de deux millions selon la CGT, en opposition au recul à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

Déjà mobilisés les 26 et 27 janvier, les salariés des raffineries et des centrales sont à nouveau en grève ce 31 janvier. La participation est élevée dans les raffineries de Feyzin (Rhône) et de Donges (Loire-atlantique), avec respectivement 80 et 90% de grévistes, un taux qu'on retrouve à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), tandis que le dépôt de carburants de Flandres (Nord) est en grève à 100%. Dans les centrales d'EDF, les grévistes ont procédé dans la nuit du 30 au 31 à des baisses de production électrique de «près de 3 000 mégawatts», mais sans provoquer de coupures, a indiqué la CGT à l'AFP.

De fortes perturbations sont attendues dans les transports, à commencer par les trains, avec 25 à 30% de TGV en circulation. Dans le métro parisien, le trafic devrait être moins perturbé que le 19 janvier, selon la RATP. Les aéroports sont également affectés, les contrôleurs aériens étant en grève. Dans l'éducation, la moitié des enseignants du premier degré n'ira pas travailler, selon le Snuipp-FSU.

Outre la participation des salariés, l'entrée des étudiants dans la mobilisation sera l'un des enjeux de la journée : diverses assemblées générales se sont en effet tenues dans les universités pour tenter de mobiliser au maximum. Une intersyndicale regroupant des organisations étudiantes dont l'Unef et la Fage a appelé «à se mobiliser massivement» dans un communiqué du 27 janvier.

Le gouvernement se sent droit dans ses bottes

La Premier ministre Elisabeth Borne a déclaré le 29 janvier que le report de l'âge légal de départ à 64 ans n'était «plus négociable», recevant le soutien du président Emmanuel Macron, qui a défendu sa réforme lors d'un déplacement à la Haye. Selon le chef de l'Etat, celle-ci est «indispensable quand on se compare en Europe» et permettra selon lui de «sauver notre système» par répartition. Le 30 janvier, la chef de file des députés insoumis Mathilde Panot a répliqué que «le retrait du texte n'est pas négociable» et que les manifestations feraient office de «motion de censure populaire». A Marseille, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a de nouveau reproché à LFI de «bordéliser» le débat pour «empêcher systématiquement le gouvernement d'avancer».

Le projet phare du quinquennat est arrivé le 30 janvier sur la table de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, première étape d'un parcours parlementaire qui s'annonce très houleux. Car les discussions ont été assez agitées : «Si on vous coupe le jus deux-trois heures dans vos permanences, je ne veux pas vous entendre pleurer», a lancé, entre autres, le communiste Sébastien Jumel lors du débat sur le régime des industries électriques et gazières, sous les protestations des macronistes, en référence aux actions envisagées par les grévistes du secteur de l'énergie. Face à l'impopularité de la réforme, la majorité connaît aussi quelques tiraillements, certains députés ayant fait part de leur intention de ne pas voter le texte en l'état. Les Républicains apparaissent également divisés sur le sujet, alors que les macronistes ont besoin de rallier les voix des élus du parti d'Eric Ciotti pour faire adopter ce projet controversé.

Les cotes de popularité d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne accusent chacune une chute de cinq points en un mois et demi pour s'établir respectivement à 36% et 31%, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale, paru ce 31 janvier.