Au cœur d’une enquête judiciaire portant sur des faits liés à sa consommation de cocaïne, le député des Hauts-de-Seine Emmanuel Pellerin a été prévenu des investigations judiciaires en cours, selon une information de Médiapart publiée le 26 janvier.
Le média d'investigation, qui souligne que l'enquête pénale concernant Emmanuel Pellerin était pourtant couverte par le secret et devait donc rester confidentielle, cite un courrier du député datant d'octobre dernier dans lequel ce dernier affirme que l’information lui a été confiée par une «source autorisée de l’exécutif», laquelle la tiendrait de la «Chancellerie», c’est-à-dire le ministère de la Justice.
Interrogé par Médiapart sur le sujet, Emmanuel Pellerin affirme avoir été prévenu par son ami d’enfance, Thierry Solère, actuel conseiller du président de la République Emmanuel Macron. «Je me rappelle très bien des mots "la Chancellerie"»,déclare-t-il à Mediapart, avant d’insister : «C’est 23h et c’est la Chancellerie qui vient de l’appeler [Thierry Solère], ça, j’en suis certain.»
Emmanuel Pellerin avait été l’avocat de Thierry Solère dans le cadre d’une vaste enquête portant notamment sur des soupçons de détournements de fonds publics. Par la suite, Thierry Solère avait proposé qu'Emmanuel Pellerin soit investi à sa place par la majorité présidentielle dans sa circonscription des Hauts-de-Seine et prenne ainsi sa succession à l’Assemblée nationale.
Thierry Solère et le ministère démentent
Auprès de Médiapart, le ministère de la Justice, a soutenu que «ni le garde des Sceaux ni son cabinet n’ont eu de remontée d’information concernant cette affaire». Et Thierry Solère a de son côté catégoriquement nié être à l'origine de cette fuite judiciaire. «Emmanuel vous raconte ça ? Pas du tout ! Vous voyez la Chancellerie m’informer, moi, des enquêtes sur des parlementaires ?», s'est-il défendu.
Thierry Solère a pourtant déjà été mis en cause dans le passé pour avoir été le destinataire, par la Chancellerie, d’informations confidentielles sur une enquête judiciaire en cours, rappelle Médiapart. Il avait reçu en mai 2017 une note confidentielle, transmise par le ministre de la Justice de l’époque Jean-Jacques Urvoas, sur une enquête judiciaire le concernant personnellement ; ce qui a valu une condamnation pour violation du secret professionnel à l'ex-ministre en 2019.
Si le procureur de la République de Nanterre avait décidé de classer l’enquête le 26 septembre dernier – deux semaines après son ouverture – le parquet de Nanterre a annoncé au Parisien avoir ouvert le 26 janvier, une nouvelle investigation pour usage de produits stupéfiants à l’encontre d'Emmanuel Pellerin. Son parti Renaissance examinera le 30 janvier son éventuelle exclusion. Justifiant sa consommation de drogue par des difficultés personnelles et familiales, le député des Hauts-de-Seine avait notamment reconnu avoir pris de la cocaïne lors de la fête de son investiture, au mois de juillet dernier.