Un certain nombre de responsables politiques ont ajouté leur voix à celle des journalistes et figures médiatiques ayant réagi à l'annonce du gel des comptes de RT France.
Sur Twitter, le sénateur Les Républicains et membre du bureau politique du parti Alain Houpert s'est ainsi indigné de cette censure, disant ne plus reconnaître «[son] pays, qui était le pays des lumières».
Critiquant lui aussi la décision, le député européen et soutien d'Eric Zemmour à la dernière présidentielle Gilbert Collard a déclaré qu'il fallait «désormais retirer "liberté" du fronton de nos mairies».
«RT France fut la seule chaîne de télévision à couvrir avec constance et objectivité les gilets jaunes, puis les manifs anti-Pass ! Tous les autres médias boycottaient ou collaient aux éléments de langage gouvernementaux ! Et après on donnera des leçons de "démocratie"», a déclaré pour sa part le chef du parti souverainiste Les Patriotes Florian Philippot.
Invité de Dimanche en politique (France 3) le 22 janvier, le député LFI François Ruffin a quant à lui dit espérer que les journalistes de RT France «ne soient pas marqués au fer rouge et que leur carrière ne soit pas brisée». «Que l'on élimine RT France, c'est une chose. C'est une décision qui a été prise. Mais je demande que les gens qui ont travaillé pour RT France ne soient pas marqués au fer rouge et que leur carrière ne soit pas brisée», a-t-il souhaité. Il a ajouté qu'il ne fallait pas que les «groupes de presse» considèrent un passage dans cette chaîne comme «quelque chose de négatif, mais comme étant un vrai travail d'information, de contre-information, dans le pluralisme des médias français». Des déclarations qui ont fortement déplu à l'eurodéputée macroniste Nathalie Loiseau, qui s'était déjà distinguée en se félicitant de l'enterrement sans «fleurs, ni couronnes» de «l'arme de désinformation massive» qu'aurait été RT France.
Près d'un an de censure de RT France
Le gel des comptes de RT France fait la suite à l'adoption, en novembre, de nouvelles sanctions anti-russes de l'Union européenne. «Sous couvert du 9e paquet de sanctions à l’encontre de la Russie - qui ne vise pas notre chaîne, mais notre actionnaire et maison-mère - la Direction générale du Trésor a décidé de geler les comptes bancaires de RT France, rendant impossible la poursuite de notre activité», a déclaré RT France dans un communiqué le 21 janvier.
Il ne s'agit pas de la première mesure visant à censurer notre média : peu après le déclenchement de l'opération militaire russe en Ukraine, la Commission européenne avait invoqué la nécessité de couper tous les canaux de diffusion (satellite, Web et réseaux sociaux) en Europe de «la machine médiatique du Kremlin» représentée, selon elle, par RT et Sputnik. Or, l'UE n'a pas été en mesure, pour appuyer cette décision, de citer la moindre fake news dont se seraient rendus coupables ces médias. Et pour cause : la chaîne RT France n'a jamais été sanctionnée par le régulateur français des médias, l’Arcom (ex-CSA).
Les avocats de RT France ont notamment dénoncé une méconnaissance de «la liberté d’expression dont doit disposer, en toutes circonstances, tout média d’information, sous le contrôle de son régulateur national».
Après l'annonce de l'interdiction de diffusion du média dans l'UE, déjà, des personnalités médiatiques et politiques avaient déploré une mesure liberticide. En outre, une pétition en ligne contre l'interdiction de RT France a mobilisé plus de 50 000 signataires.