Léthargique depuis la crise du Covid-19, dans un pays où elle est pourtant traditionnelle, la mobilisation sociale pourrait faire son grand retour en 2023. C'est en tout cas ce que redoute le Service central du renseignement territorial (le descendant des RG), dans une note du 6 janvier citée par BFMTV, qui voit dans l'actualité tous les ingrédients réunis pour des remous d'ampleur sur plusieurs fronts en 2023, évoquant une année qui «s'annonce difficile».
«Si la population ne se mobilise pas en nombre pour l'instant, la poursuite de la dégradation du pouvoir d'achat, couplée à des réformes mal perçues, pourrait conduire à une nouvelle mobilisation citoyenne d'ampleur», écrit le service de police. Il estime que la «hausse des prix de l'énergie» touchera de nombreux secteurs et qu'il faut s'attendre à de «fortes revendications salariales dans le public comme dans le privé».
La peur du hors cadre
Le service s'attend non seulement à une mobilisation des syndicats, marquée par des manifestations et des grèves, mais évoque aussi des initiatives de «corporations, pourtant peu habituées à se mobiliser et agissant sous forme de collectifs», en citant l'exemple des boulangers pris à la gorge par des factures d'électricité mettant en péril leur survie financière.
Sont aussi redoutées les actions menées hors cadre syndical, comme lors du mouvement social dans les raffineries, où certains salariés ont agi contre l'avis de l'intersyndicale.
Enfin, les Gilets jaunes et les anti-pass sanitaire, qui ont maintenu une mobilisation à bas bruit ces derniers mois, pourraient se «remotiver» avec l'inflation record qui calque avec leurs revendications. Si le service constate «l'échec de mobilisations significatives des Gilets jaunes», celui-ci ne devrait pas «occulter la montée d'une grogne au sein des territoires, liée à une dégradation du pouvoir d'achat».