La stratégie de communication du gouvernement sur la crise énergétique qui frappe – entre autres – de plein fouet les boulangers vient de se heurter à un mur nommé Isabelle Nimal, la boulangère que la ministre déléguée aux Petites et Moyennes Entreprises, au Commerce et à l’Artisanat Olivia Grégoire avait pris en exemple pour défendre son action.
Le 6 janvier sur le plateau de BFM TV, Olivia Grégoire expliquait en effet doctement les dispositifs mis en place par l’Etat pour aider la profession, en s'appuyant sur l'exemple d'Isabelle Nimal, une boulangère de Sarlat dans le Périgord. «De 22 000 euros, [sa facture] passe à 90 000 euros. Je l’ai appelée, on l’a appelée. On a regardé ligne par ligne avec mon cabinet : on passe de 90 000 euros à 37 000 euros», avait-elle ainsi assuré.
Si l'argument fait mouche en plateau, il fait en revanche bondir Isabelle Nimal, qui soutient dans les colonnes de Sud Ouest que... rien de ce que relate la ministre n'est arrivé. «Tout est faux ! Elle ne m’a jamais eu au téléphone, ni son cabinet. J’ai juste eu un de ses conseillers, Pierre de Romanet, pour lui dire que les aides de l’Etat sont loin d’être suffisantes», a-t-elle expliqué au quotidien, précisant même : «Nous n’avons jamais étudié mes factures, je ne leur ai rien transmis.»
L'intervention de la ministre a qui plus est eu un effet néfaste pour la boulangère, puisque ses collègues lui reprochent d'avoir bénéficié d'un traitement de faveur en raison de ses relations avec la ministre. «C’est terrible, car ce sont des gens de la profession avec qui nous menons le même combat», s'est-elle désolée auprès de Sud Ouest.
Face à cette version des événements, qui diffère très largement de celle rapportée par Olivia Grégoire, le ministère de cette dernière a réagi. «Madame Nimal a eu un conseiller du ministère au téléphone pour lui exposer sa situation. Elle a pu être accompagnée par les services de l’État qui lui ont exposé les différents dispositifs d’aide et la manière d’y recourir», a déclaré le ministère, reconnaissant implicitement que la ministre ne l'avait jamais appelée, et n'évoquant plus ouvertement la baisse de facture mise en avant par Olivia Grégoire.