Economie

Prix de l'énergie : le groupe agroalimentaire Cofigeo met à l'arrêt quatre de ses usines

Confronté à l'explosion des factures énergétiques, le groupe Cofigeo, propriétaire des marques William Saurin et Garbit, a décidé de suspendre la production sur plusieurs de ses sites et a placé deux tiers de ses salariés au chômage technique.

À partir de ce 2 janvier, l’activité de l’usine William Saurin de Saint-Thibault-des-Vignes (Seine-et-Marne), ainsi que celle d’autres sites, est officiellement suspendue par la direction du groupe Cofigeo, détenteur de la marque de plats cuisinés mais également de Garbit et Zapetti, à cause de la hausse du prix de l’énergie, rapporte Le Parisien.

Une facture énergétique décuplée

Si l'activité avait été maintenue, «notre facture annuelle serait passée de 4 à 40 millions d’euros pour l’ensemble de nos sites», a calculé la direction, faisant le constat que «ce n’était plus viable économiquement». Selon le quotidien, la situation serait difficile pour Cofigeo depuis l’expiration de ses contrats annuels d’énergie en octobre : lorsqu’il a fallu en souscrire de nouveaux, les prix proposés n’étaient plus «dans les proportions connues historiquement», alors que l’usine seine-et-marnaise a une consommation en électricité et gaz très importante, ne serait-ce que pour stériliser les produits.

Outre la flambée des prix de l’énergie, «la crise sanitaire, la météo des deux derniers étés et le conflit en Ukraine ont entraîné une forte augmentation du tarif du bœuf, du porc, de la tomate, etc.», a détaillé la direction auprès du Parisien.

A l’échelle nationale, le groupe, qui détient aussi les marques Zapetti ou encore Raynal et Roquelaure, a décidé de fermer temporairement quatre de ses huit sites : Saint-Thibault, mais aussi Capdenac (Aveyron), Pouilly-sur-Serre (Aisne) et Camaret-sur-Aigues (Vaucluse), qui représentent 80 % de sa production. La direction avait déjà annoncé ces fermetures en décembre, évoquant «un point de rupture» lié à l'explosion des factures d'énergie.

Ces arrêts concernent 800 salariés sur 1 200, un accord d’activité partielle de longue durée (APLD) ayant été négocié par les syndicats et la direction pour la totalité du mois de janvier. Les salariés ne perçoivent que 77% de leur rémunération brute pendant cette période. «Sur un bas salaire, ça représente une perte de 170 euros pour le mois de janvier», a indiqué à France Info Jocelyn Prophète, délégué CFDT du groupe.

Si la direction du groupe table sur une réouverture «le plus tôt possible», elle n’a pas fixé de date précise pour la reprise de l’activité. «Ce que l’on traverse, ce n’est pas une problématique William Saurin mais celle de tous les industriels !», s'est inquiété auprès du Parisien Frédéric Gaffet, représentant CGT au sein de Cofigeo, suggérant que d'autres entreprises pourraient être amenées à prendre des décisions de ce type dans les mois à venir.

Le gouvernement a prolongé jusqu'en décembre 2023, par un décret adopté en fin d'année, les aides aux entreprises visant à compenser en partie la flambée des coûts de l'énergie. Ces mesures sont cependant loin d’être suffisantes pour certains secteurs et professionnels, comme en témoigne notamment la mise à l’arrêt des lignes de production de Duralex et de plusieurs conserveries à travers l’Hexagone. Les industries ne sont pas les seules entreprises concernées par la flambée de leur facture énergétique, des artisans tels que les boulangers ou les bouchers subissant également de plein fouet une envolée de leurs coûts largement supérieure aux aides.