France

«Gauche caviar» : le Parti socialiste supprime un clip après une avalanche de moqueries

Le parti de gauche a préféré retirer une vidéo très critiquée qui était censée dépeindre les difficultés de la vie quotidienne des Français. Celle-ci accumulait les maladresses dans le choix des situations, évoquant plutôt un quotidien parisien.

Peut mieux faire en matière de communication et de casting. Ainsi que le relate Le Figaro, le Parti socialiste (PS) a rapidement supprimé un clip appelant à rejoindre ses rangs publié le 30 décembre, qui ne sera resté en ligne que quelques heures après avoir suscité un flot de railleries, les critiques y voyant une illustration de la déconnexion entre la formation dirigée par Olivier Faure et le quotidien réel des Français.

Dans la vidéo, trois scènes de vie «ordinaire» étaient filmées : la première fait apparaître Marie, une «jeune salariée» rentrant dans un appartement parisien où elle vit en colocation, mais qui a l’air plutôt spacieux et lumineux. Elle décide soudainement d'éteindre le chauffage après avoir entendu à la télévision que les prix de l'énergie vont augmenter, et enfile écharpe et bonnet «pour pouvoir payer le loyer».

Apparaît ensuite Alexandre, un jeune trentenaire qui «adore les produits frais» et «tous les vendredis prépare sa soupe». Il achète, dans une coquette épicerie de quartier, un unique poireau et se voit réclamer de l'argent supplémentaire après avoir tendu un billet de 5 euros à la caisse, alors que la radio signale «une explosion» des prix alimentaires, les acteurs prenant alors un air catastrophé.

Suit Micheline, dont le pot de départ à la retraite est abrégé par un discours de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe annonçant que «nous allons travailler plus longtemps». «Le jardin devra attendre un petit peu et les petits-enfants aussi», déclare la voix off, tandis que l'intéressée fait la moue et se rassoit avant de se remettre à travailler sur un iMac. Autant de scènes reflétant assez mal le quotidien de Français en proie à des fins de mois difficiles et exerçant des professions exposées à la pénibilité, seul un livreur Deliveroo représentant très fugacement les catégories populaires dans le clip.

Après ces trois scènes de «vie», c’est le ministre de l'Economie Bruno Le Maire que l’on entend remettre en doute la notion de «superprofits», tandis que des images de simples citoyens manifestement tirées de banques d'images vidéo s'enchaînent à l'écran. Pendant ce temps, Olivier Faure prononce un discours sur l'état d'«ébriété générale dans le CAC 40». Mais pendant cet extrait, la jeune fille qui apparaît en rasant les murs porte un sac d'une marque de luxe dont le prix avoisine les 2 000 euros, au moment même où le premier secrétaire évoque les «10 millions de nos concitoyens qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté».

Les internautes n'ont pas manqué d'épingler le fond et la forme de cette vidéo, soulignant que le quotidien de la majorité des Français n'était pas le même que celui des «bobos [bourgeois-bohèmes] parisiens» ou de la «gauche caviar». «Les clips du Parti Socialiste sont à l'image des films français subventionnés […] : des bourgeois CSP+ vivant dans une métropole se font peur en jouant (mal) les problèmes de vie des déclassés de la France périphérique...», a imagé un autre commentaire sur Twitter. «C'est la nouvelle saison d'Emily in Paris ?», a ironisé un utilisateur du réseau social, en référence à la série dépeignant le séjour d'une Américaine dans une capitale idéalisée. 

«Effectivement, ce clip est totalement nul», a concédé la députée socialiste de Tarn-et-Garonne Valérie Rabault. Après ce raté, le PS a publié un autre clip vidéo mettant en scène Olivier Faure pour ses vœux : il y affronte, au cours d'une partie de «Macronpoly», inspiré du célèbre jeu de société, un personnage dans l'ombre représentant Emmanuel Macron. La vidéo fustige un président «déconnecté» du peuple, qui abandonne la partie en cours de route au moment où un message envoyé par Elisabeth Borne sur son téléphone lui annonce que son «rendez-vous McKinsey» est arrivé.