France

Perpétuité confirmée en appel pour le terroriste de l'attentat raté du Thalys Amsterdam-Paris

La peine de réclusion criminelle à perpétuité pour «tentatives d’assassinats terroristes» à l'encontre du terroriste du Thalys Paris-Amsterdam en 2015, Ayoub El Khazzani, a été confirmée par la cour d'assises spéciale de Paris.

La cour d'assises spéciale de Paris a confirmé le 8 décembre en appel la condamnation du Marocain Ayoub El Khazzani, le tireur mandaté par le groupe terroriste Daesh pour commettre un attentat contre un train Thalys en août 2015, à la réclusion criminelle à perpétuité pour «tentatives d’assassinats terroristes».

La cour présidée par David Hill a suivi à la lettre les réquisitions du ministère public. «La dangerosité de l'intéressé et la nécessité de garantir l'effectivité de la sanction nécessitent de porter la période de sûreté à 22 ans», a précisé la cour.

Debout dans son box, l'accusé, âgé de 33 ans, a accueilli le verdict sans réagir. Ayoub El Khazzani dispose d'un délais de cinq jour pour former un pourvoi en cassation.

Une justification peu convaincante, selon le tribunal

Lors de l'audience en appel, Ayoub El Khazzani a livré «peu d'éléments utiles à l'enquête», a estimé David Hill en annonçant le verdict. Le fait «d’avoir continué d'affirmer qu’il visait exclusivement des membres de la Commission européenne» fait «douter qu’un véritable travail de remise en question a été suffisamment engagé», a poursuivi le magistrat.

Dans ses motivations, la cour a relevé notamment qu'à l'audience «l'accusé a été dans l'incapacité de dire comment il aurait pu reconnaître des membres de la Commission européenne» parmi les passagers du Thalys Amsterdam-Paris. L'enquête a démontré par ailleurs que le train ne transportait «strictement aucun» membre de ladite Commission.

«C’est triste et c’est aussi une vision un peu sombre de la justice que nous offre la cour d’assises parce que ça veut dire que tous les efforts qui peuvent avoir été faits pendant sept ans en détention, notamment, n’auront servi à rien», a déploré, à l'issue de l'audience, son avocat Martin Méchin, interrogé par l'AFP. «Il savait qu’il allait être condamné mais on peut regretter qu’il n’y ait pas eu un tout petit geste» de la cour, a-t-il ajouté avant de rappeler que son client était détenu à l'isolement depuis sept ans.

Ayoub El Khazzani a «beaucoup changé», a concédé Me Antoine Casubolo-Ferro, avocat de parties civiles, mais, a-t-il souligné, il aurait dû aller plus loin «quant à ses actes et son idéologie». Invité dans la matinée à s'exprimer avant le verdict, Ayoub El Khazzani avait fait part de ses «regrets» et de sa «honte» pour l'acte qu'il comptait accomplir. «S'il n'y a pas eu un seul mort» dans l'attaque avortée du train Thalys Amsterdam-Paris du 21 août 2015, «ce n'est pas grâce à M. Khazzani mais à l'intervention héroïque de passagers» du train, avait relevé le 7 décembre l'avocate générale dans son réquisitoire.

Des liens avec Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13-Novembre

Ayoub El Khazzani était monté dans le train à Bruxelles avec un arsenal impressionnant : une kalachnikov avec neuf chargeurs contenant près de 300 munitions, un pistolet semi-automatique de type Lüger, un cutter et une bouteille remplie de liquide inflammable.

Ayoub El Khazzani n'a été empêché de commettre un massacre que par la courageuse intervention de plusieurs passagers, dont deux soldats américains en civil et non armés alors en vacances en Europe. Avant d'être maîtrisé, il a fait usage de ses armes, blessant d'une balle dans le dos un passager qui avait réussi à s'emparer de sa kalachnikov. L’attaque du Thalys avait pour but «de faire le plus de victimes possible», a soutenu l'accusation au cours du procès.

Le commanditaire du tireur contrarié était Abdelhamid Abaaoud, un recruteur de Daesh, futur coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Ayoub El Khazzani a caché aux enquêteurs ses liens avec Abdelhamid Abaaoud jusqu'à la mort de ce dernier, tué par la police à Saint-Denis cinq jours après les attaques du 13-Novembre.

Connaissait-il les projets d'attaques sur Paris ? Il n'en a rien dit et n'a surtout pas révélé qu'Abdelhamid Abaaoud était à Bruxelles durant l'été 2015 et non plus en Syrie comme le pensaient alors les services de renseignement occidentaux. C'est Abdelhamid Abaaoud lui-même qui l'a formé au maniement des armes lors de son séjour en Syrie en mai 2015, a reconnu Ayoub El Khazzani. Et c'est ensemble qu'ils ont rejoint clandestinement l'Europe en août 2015.

Selon l'accusation, il ne fait aucun doute que l'attaque ratée du Thalys s'est inscrite «dans une véritable campagne d'attentats de masse qui trouve son apogée» dans les attentats en novembre 2015 à Paris et en mars 2016 à Bruxelles.