La porte de l'Assemblée définitivement close pour Adrien Quatennens ? A la suite de nouvelles révélations de son épouse ce 23 novembre, qui a dénoncé auprès de l'AFP non pas seulement «une gifle», mais aussi des «colères», des «crises» et des «violences physiques et psychologiques» exercées depuis plusieurs années, plusieurs élus de la Nupes ont fait savoir qu'ils s'opposeraient fermement à son retour au Palais Bourbon.
«Il n’a pas à revenir dans l’hémicycle», a ainsi réagi l’écologiste Sandrine Rousseau au micro de BFM TV avant de réaffirmer cet avis dans un tweet. Elle a ainsi adopté une position plus ferme que celle exprimée mi-novembre, lorsqu'elle avait invité Adrien Quatennens sur France Info à «prouver» que son retour en politique pourrait servir le combat contre les violences faites aux femmes.
La Nupes ne peut plus accueillir Adrien Quatennens sur ses bancs
«Notre devoir est de dire à Céline Quatennens que nous accueillons sa parole et la croyons» a écrit sur Twitter le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure, affirmant que «notre responsabilité est d’en conclure que le retour d’Adrien Quatennens sur nos bancs est désormais impossible», a-t-il ajouté. «La Nupes ne peut plus accueillir Adrien Quatennens sur ses bancs», a pareillement tranché le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée, Arthur Delaporte.
Du côté du Parti communiste, Fabien Roussel, qui avait déjà exprimé sa ferme opposition au retour d'Adrien Quatennens, a réaffirmé que «se mettre en retrait, c’est nécessaire», afin de «prendre le temps des explications, le temps de la justice, le temps de la réparation pour les victimes».
Le soutien dont pouvait encore bénéficier Adrien Quatennens au sein de La France Insoumise (LFI) semble également s'évanouir : première membre du parti à s'exprimer sur ce nouveau rebondissement, Clémentin Autain a exprimé dans Le Figaro son souhait que «notre groupe, d'une manière ou d'une autre, puisse entendre Céline Quatennens si elle l'accepte».
Le groupe LFI en attente de la décision de justice
Adrien Quatennens, accusé de violences conjugales contre son épouse, ne participera pas aux activités de son groupe politique à l'Assemblée jusqu'à ce que la justice ait rendu sa décision, a ensuite annoncé, mercredi soir, le groupe LFI dans un communiqué.
«Nous souhaitons que la procédure judiciaire en cours se poursuive jusqu’à son terme. Une fois la décision de justice rendue, notre groupe décidera collectivement des suites à donner en son sein», explique le groupe parlementaire. «Jusque-là» le député du nord «ne participera pas à l’activité de notre groupe parlementaire», poursuit-il.
BFM TV a d'abord rapporté de son côté que la plupart des députés LFI ont refusé de s'exprimer sur le sujet, même en «off» : seule Raquel Garrido, élue de Seine-Saint-Denis, a expliqué qu'il n'avait jamais été question «d'un retour rapide» de l'élu du Nord et qu'il fallait «respecter la parole» de son épouse.
Les déclarations de l'épouse du député du Nord sont en effet intervenues alors que des discussions avaient lieu dans le mouvement au sujet du retour d'Adrien Quatennens à son siège de député, qu'il avait laissé vacant en se plaçant en arrêt-maladie, ce dernier étant récemment parvenu à son terme. Selon Le Parisien, ces débats suscitaient déjà de vifs tiraillements en interne : malgré le soutien formel apporté par des élus du mouvement tels que Manuel Bompard, la volonté de Jean-Luc Mélenchon de favoriser le retour de l'élu du Nord aurait été loin de faire l'unanimité.
Adrien Quatennens rejette les accusations de son épouse
Concernant l'aspect judiciaire de l'affaire à proprement parler, l'entourage d'Adrien Quatennens s'est dit étonné que cette déclaration de son épouse «arrive maintenant alors que pendant deux mois Céline Quatennens a été entendue à plusieurs reprises et a pu dire ce qu’elle avait à dire aux enquêteurs».
«Malgré toutes ses auditions, n’ont été retenus par le parquet que les éléments reconnus par Adrien Quatennens, dans le cadre de tensions mutuelles», souligne-t-il. Cette déclaration «intervient dans le cadre d’une procédure de divorce à l’amiable mais qui n’avance pas, avec des demandes exorbitantes de madame Quatennens en matière de compensations financières et de garde d’enfant», relève également l'entourage du député.
Par la voix de son avocate, Adrien Quatennens a démenti «catégoriquement» les accusations de son épouse. «Mon client conteste les déclarations de Céline Quatennens |et est]aujourd'hui contraint de répondre publiquement par ma voix aux accusations mensongères qu'il dément absolument», a indiqué Maître Jade Dousselin.
Adrien Quatennens a été convoqué le 13 décembre à Lille pour une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC, parfois dite «plaider-coupable») dans cette affaire de violences envers son épouse. Dévoilée par le Canard Enchaîné qui avait fait état d'une main courante déposée par Céline Quatennens, cette affaire a provoqué mi-septembre un séisme à La France Insoumise. Le lieutenant de Jean-Luc Mélenchon s'est depuis mis en retrait de sa fonction de coordinateur politique et n'a plus posé un pied à l'Assemblée. Sa seule expression publique a consisté en deux tweets portant sur l'effondrement de plusieurs immeubles à Lille, mi-novembre.