France

Panot n'écarte pas le dépôt de 75 000 amendements de LFI pour «combattre» la réforme des retraites

Dans un entretien sur LCI, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale a réaffirmé sa volonté de faire échouer la réforme des retraites par tous les moyens, y compris en ralentissant à dessein les débats parlementaires.

La chef de file des députés LFI Mathilde Panot n'a pas exclu le 3 octobre sur LCI le dépôt d’une myriade d’amendements par son groupe lors de l'examen à venir du projet de loi sur la réforme des retraites. «La dernière fois, nous étions 17 parlementaires insoumis, nous avions déposé 17 000 amendements. Aujourd'hui nous sommes 75. Voilà», a-t-elle expliqué dans un sourire. «Donc 75 000 amendements à prévoir ?», lui demande alors le journaliste, ce à quoi elle a répondu «pourquoi pas». 

«Comme nous sommes frontalement opposés à cette réforme, nous utiliserons tous les outils pour la combattre», a-t-elle développé. La manœuvre, du point des vues des opposants, permet de ralentir l'examen et la potentielle adoption d'un texte du loi en faisant durer les séances. En 2020, déjà sur les retraites, plus de 40 000 amendements avaient été déposés, dont une bonne partie par La France insoumise. La majorité macroniste avait alors dénoncé une «obstruction».

Egalement interrogée sur la perspective évoquée par Manuel Bompard, député insoumis de Marseille, de voter une motion de censure qui serait déposée par le Rassemblement national (RN), la présidente du groupe LFI a expliqué que des discussions doivent encore être menées à ce sujet et rappelé que la motion signée par le plus grand nombre de députés – c'est-à-dire celle des 151 députés de la Nupes – serait étudiée en premier.

Selon Mathilde Panot, il reviendra donc aux élus RN de voter «selon leur  conscience» en faveur de la motion de la gauche. «Est-ce que si le RN vote notre motion, ça veut dire que nous sommes d'accord avec le RN ? Absolument pas», a-t-elle développé. De leur côté, les députés du groupe de Marine Le Pen ont fait savoir qu'ils voteront les motions de censure quel que soit le groupe qui les aura déposées, si le gouvernement devait recourir à l'article 49.3 pour faire adopter la réforme.

Après les divergences qui ont émergé au sein de la majorité quant à la méthode à adopter pour mener à terme cette réforme controversée, l'exécutif a annoncé la lancement d'une concertation avec les partis politiques et les partenaires sociaux, fixant l'objectif de porter progressivement, d'ici à 2031, l'âge de départ à la retraite à 65 ans.

Mathilde Panot a enfin affirmé qu'Emmanuel Macron était «un hypocrite», en reprenant des propos tenus par le président le 25 avril 2019. Il avait alors déclaré : «Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, ce serait hypocrite de décaler l'âge légal. Quand aujourd'hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté, industrielle, quand on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans». Le président de la République a pour sa part agité la menace d'une dissolution de l'Assemblée dans l'hypothèse où les oppositions se coaliseraient pour mettre en échec une réforme à laquelle il tient particulièrement.