Face aux accusations répétées émanant du camp présidentiel, selon lesquelles le Rassemblement national (RN) dépendrait du pouvoir russe, le premier parti d'opposition en France a contre-attaqué ce 23 septembre en proposant une commission d'enquête à l'Assemblée nationale sur les financements étrangers de tous les partis. Dans son viseur : les structures politiques proches d'Emmanuel Macron.
Les deux signataires du communiqué, Jordan Bardella, député européen et candidat à la présidence du parti, et Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme, entendent notamment «préciser la nature des liens entre certains élus de la majorité présidentielle et le Qatar», «déterminer» d'éventuels liens entre d'autres responsables politiques du camp Macron et la Chine, mais aussi enquêter sur «ce qui s'apparente à une véritable coproduction législative entre le parti présidentiel et les géants américains Amazon, Microsoft, Google ou encore Uber». Le RN a précisé qu'il déposerait le 26 septembre à l'Assemblée nationale une résolution pour demander la création de cette commission d'enquête.
Préciser la nature des liens entre certains élus de la majorité présidentielle et le Qatar
Interrogé par l'AFP, le groupe RN à l'Assemblée a indiqué qu'il laisserait une chance à «un consensus politique, et ne ferait pas usage, au moins dans un premier temps, de son "droit de tirage» qui confère à chaque groupe la possibilité de créer une commission d'enquête par an.
Accusations du camp présidentiel visant le RN
A l'origine de ce projet : le 23 septembre, Jordan Bardella, s'en était pris sur BFMTV à la politique énergétique d'Emmanuel Macron, arguant que «quand on cherche à expliquer aux Français que la crise de l'énergie est liée à la guerre, c'est un mensonge».
«Quel pacte tacite ou quel accord financier pourrait conduire à de telles déclarations ? Une enquête indépendante doit être menée sur l'ingérence russe dans les partis européens», avait alors réagi sur Twitter Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, en réponse à l'eurodéputé RN, dont le parti avait contracté un prêt de près de 9 millions d'euros à un créancier russe.
«N'ayant rien à dissimuler aux Français, bien au contraire, le Rassemblement national est favorable à la proposition de M. Séjourné. Etant pour la transparence la plus totale en la matière, nous proposons que cette enquête soit étendue à l’ensemble des partis politiques et dirigeants français et à l’ensemble des ingérences potentielles», peut-on lire dans le communiqué publié ce même jour par le RN.
Lors du débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle, Emmanuel Macron avait déjà accusé Marine Le Pen de parler à son «banquier» quand elle évoquait la Russie, celle-ci lui rétorquant être «une femme absolument et totalement libre».