L'exécutif est déterminé à accélérer sur l'éolien : l'Elysée a annoncé une visite d'Emmanuel Macron le 22 septembre au parc d'éoliennes en mer de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le premier de France, afin de présenter les «grands axes» du projet de loi d'accélération des énergies renouvelables, qui sera présenté au Conseil des ministres le 26 septembre. Ce texte vise, selon l'Elysée, à raccourcir les délais d'implantation des installations, en simplifiant notamment les procédures administratives.
Parallèlement, une circulaire en date du 16 septembre obtenue par le site spécialisé Contexte enjoint aux préfets de «mettre en place toutes les actions requises» pour accélérer les projets d'énergies renouvelables en cours, y compris de parcs éoliens, alors que ceux-ci sont sources de controverses régulières dans l'opinion.
Mettant en avant la crise énergétique, quatre ministres, dont ceux de l'Intérieur, de la Transition écologique et de la Transition énergétique, demandent ainsi aux services déconcentrés de l'Etat de «mettre en place toutes les actions requises afin de faciliter et d'accélérer le traitement des dossiers [...] en cours et à venir», en faisant en sorte «qu'aucune instruction n'excède 24 mois, sauf situation très exceptionnelle». Les services déconcentrés de l'Etat sont également invités à se fixer «un objectif de 18 mois entre la date de dépôt d'un projet de renouvellement ou d'augmentation de puissance de parcs éoliens existants, et sa mise en œuvre».
Ces nouvelles orientations surviennent alors que le développement de projets éoliens suscite de plus en plus d'oppositions, telles que celles au parc éolien prévu au large de l'île d'Oléron, ou encore à celui envisagé à proximité des îles de Noirmoutier et d'Yeu. Ces contestations sont d'ailleurs menées par des acteurs assez divers, des pêcheurs aux défenseurs du littoral et du patrimoine, en passant par des associations telles que la Ligue de protection des oiseaux. S'agissant de l'éolien terrestre, Le Monde évoquait récemment des «contentieux en masse», avec des recours déposés contre sept projets sur dix, selon un membre du Syndicat des énergies renouvelables.
Malgré ces fortes réticences, le gouvernement entend donc faire adopter un projet de loi à l'automne pour accélérer les procédures et rattraper le retard pris par la France dans l'éolien et le solaire par rapport aux objectifs fixés par la programmation pluriannuelle de l'énergie. Celle-ci prévoit d'ailleurs, à partir de 2024, le lancement d'appels d’offres «sur des extensions de parcs éoliens en mer attribués précédemment».
L'éolien était jusqu'il y a quelques mois jugé moins prioritaire pour le gouvernement, Emmanuel Macron avait d'ailleurs revu à la baisse, dans son discours de Belfort du 10 février, les ambitions de la France en matière de développement de l'éolien terrestre, face aux contestations qu'elles soulèvent. Mais il avait déjà incriminé, dans cette même allocution, des procédures trop lourdes et «des délais [qui] ne sont pas supportables», et fixé l'objectif de doter la France d'une cinquantaine de parcs éoliens en mer d'ici à 2050.
«Il ne faut pas se raconter des histoires en disant [que] la société française est prête à déployer [l'éolien] deux fois, trois fois plus vite», avait jugé de son côté la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher dans un entretien à l'AFP en mai. Son discours a cependant évolué puisqu'elle a exprimé le souhait, début septembre, de concilier un «développement massif [des renouvelables] avec l'indispensable protection de la biodiversité, avec notre souveraineté alimentaire et avec la préservation de nos cadres de vie».