«Tout le monde sait qu'il y a une propagande de guerre par la peur» : intervenant le 1er septembre sur BFMTV, l'ancienne ministre socialiste Ségolène Royale a dénoncé l'utilisation par Volodymyr Zelensky de «propagande» visant selon elle à faire obstacle au processus de paix en Ukraine.
Evoquant la «maternité bombardée» de Marioupol – dont les deux parties du conflit livrent des versions extrêmement différentes – Ségolène Royal a ainsi souligné que le dirigeant ukrainien avait été «incapable de donner le nom» des victimes présumées. Et de poursuivre : «Zelensky a fait le tour des Parlements européens et c'est là que le processus de paix s'est interrompu.»
L'ancienne ministre française, a ensuite dénoncé les récits par Kiev de «viols d'enfants pendant sept heures sous les yeux des parents», estimant : «C'est monstrueux d'aller diffuser des choses comme ça uniquement pour interrompre les processus de paix.»
Ségolène Royal a en outre souligné que le conflit avait fait de nombreuses «horreurs» et victimes, tout en invitant son interlocuteur à se méfier «des victimes fournies par la propagande de Zelensky».
Sur une note plus générale, l'ancienne ministre a fait remarquer aux journalistes qui l'interviewaient qu'il était «connu» que les propagandes de guerre et les «propagandes d'horreur» avaient notamment pour objectif de «remobiliser les troupes» mais aussi d'empêcher les processus de paix.
Pour rappel, l'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement d'être responsables de crimes de guerre dans le cadre du conflit qui les oppose depuis le lancement de l'offensive russe fin février. Kiev avait ainsi accusé Moscou d'avoir bombardé une maternité à Marioupol faisant plusieurs morts. Moscou, qui n'avait pas confirmé ce bilan, avait souligné que ce bâtiment ne servait plus de maternité, mais bien de base à des groupes de combattants extrémistes ukrainiens, dont le bataillon néo-nazi Azov. Episode largement moins évoqué dans les médias, une maternité de Donetsk avait elle aussi été touchée par des frappes – ce qu'avait constaté un reporter de RT – attribuées par Moscou et ses alliés à l'Ukraine.
Autre exemple d'accusations de crimes de guerre : les images de la ville de Boutcha, montrant des corps de personnes vêtues en civil dans les rues de cette localité, qui a suscité un vif émoi à l'international. Alors que le président ukrainien avait évoqué un «génocide» perpétré par la Russie, Moscou avait de son côté dénoncé une «nouvelle provocation» de Kiev. La Russie s'était ainsi étonnée que les «preuves [...] ne soient apparues que quatre jours» après le départ de ses soldats, et ce «quand des officiers du Service de sécurité ukrainien (SBU) et des représentants de la télévision ukrainienne sont arrivés dans le village». Vladimir Poutine avait lui-même qualifié les accusations ukrainiennes de «fausses informations».
Au cours de la guerre, les responsables ukrainiens se sont par ailleurs plusieurs fois distingués par la diffusion de fausses informations, parfois largement reprises sans recul critique dans la presse mainstream : le récit tronqué de la prise par la Russie de l'Ile des Serpents, ou encore le bilan largement revu à la baisse d'une frappe sur le théâtre de Marioupol attribuée par Kiev aux forces russes...
Ségolène Royale attaquée sur les réseaux sociaux
La femme politique a été attaquée de toutes parts sur les réseaux sociaux en raison de sa prise de position. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a ainsi dénoncé sur Twitter : «La paix en Ukraine n’est pas rendue impossible par les victimes de l’invasion, mais par la volonté de conquête de Poutine !» Il a par ailleurs estimé que les crimes de guerre étaient «documentés» et que le nier était «une insulte aux assassinés, aux violées, aux torturés», allant jusqu'à assimiler les propos de Ségolène Royale à «de la propagande».
«Devant de tels propos, on hésite entre la stupéfaction, la colère et la révolte. Pour finalement ressentir les 3 !», a estimé l'ancien ministre PS Pierre Moscovici.
Le député européen Raphaël Glucksmann (Place publique), a pour sa part dénoncé un «naufrage», terme également repris par le journaliste de Libération Jean Quatremer.
Le cofondateur du Printemps républicain Gilles Clavreul a lui aussi taclé Ségolène Royal, jugeant qu'il fallait s'estimer heureux d'avoir «échappé» à «Ségolène Royal présidente de la République».
«On frémit d'horreur à l'idée que cette femme aurait pu occuper l'Elysée pendant 5 ans», a surenchéri le journaliste Brice Couturier.
A rebours de ces critiques, le président des Patriotes Florian Philippot a estimé que la femme politique avait «parfaitement le droit, et le devoir intellectuel vu le passif très lourd des Américains en la matière, de remettre en cause la propagande de guerre».