France

Russes refusés au château de Vincennes : le ministère français des Armées précise sa directive

Après le refus opposé à deux ressortissantes russes désirant visiter le château de Vincennes, le ministère des Armées a dû expliquer que les lieux à visées touristiques restaient bien ouverts, évoquant une directive appliquée «sans discernement».

Après l'accès refusé, fin juillet, à deux Russes voulant visiter le château de Vincennes (Val-de-Marne), le cabinet du ministre des Armées a regretté le 9 août un manque de «discernement» et assuré que les Russes étaient toujours autorisés sur ses sites touristiques.

Ce château, situé au sud-est de Paris, contient notamment l'un des centres du Service historique de la défense (SHD), dont les bibliothèques et les archives sont accessibles au public sous certaines modalités.

Le 28 juillet, deux femmes russes se sont vu refuser l'entrée du château de Vincennes du fait de leur origine. L'une des deux jeunes femmes, journaliste de profession âgée de 31 ans, avait témoigné auprès de l'AFP avoir été «bouleversée» par cette interdiction. Arrivée en France «il y a cinq mois», elle avait «justement» fui la Russie car elle était «opposée à la guerre», avait-elle confié.

Le 8 août, un service du ministère des armées a justifié cette interdiction par une «directive interne [prise] à la suite de l'invasion de l'Ukraine» pour restreindre «l'accès aux emprises militaires du ministère aux ressortissants russes». Le 9 août, le cabinet du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a contacté l'AFP pour préciser sa réponse, en assurant que les lieux touristiques dépendant du ministère restaient encore ouverts aux Russes.

L'épisode au château de Vincennes relève ainsi d'une «application sans discernement» de la règle édictée «en février pour toutes les installations militaires», a expliqué le cabinet. «Il va de soi que [cette règle] ne peut pas être appliquée de la même manière pour les bâtiments stratégiques que pour les lieux recevant du public comme les musées», a-t-il insisté.

Le château de Vincennes mais aussi le Musée de l'air et de l'espace ou encore les Invalides peuvent donc toujours accueillir des touristes et des immigrés russes. «Le ministre des Armées a demandé à ce que nous précisions cette directive auprès des agents de ces lieux-là pour éviter tout incident» comme celui du château de Vincennes, a ajouté son cabinet, qui n'a pas eu connaissance d'autre cas similaire. En revanche, l'accès aux «bâtiments stratégiques» est bien strictement restreint aux Russes depuis février.

Selon l'Insee (Institut national de la statistique), 73 500 immigrés russes vivaient en France en 2021.

Le Kremlin appelle Paris à faire preuve de «bon sens»

Le Kremlin a dénoncé le 9 août les mesures «hostiles» visant ses ressortissants dans certains pays européens, à l'instar de l'épisode du château de Vincennes , appelant à faire preuve de «bon sens».

Interrogé sur les mesures restreignant aux ressortissants russes l'accès à des endroits recevant du public, ainsi que sur des appels en Finlande à interrompre l'émission de nouveaux visas touristiques pour les ressortissants russes, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a appelé ces pays à «retrouver leurs esprits». En Finlande, le parti conservateur d'opposition avait en effet appelé fin juillet à interrompre l'émission de nouveaux visas touristiques pour les visiteurs russes, après une hausse du nombre d'arrivées qui suscite l'embarras dans ce pays. En Italie, le secteur hôtelier avait déclaré refuser d'accueillir tout ressortissant russe soutenant Poutine, sans dévoiler sur quelles bases il s'appuierait pour ce faire.

«Ces déclarations viennent de pays que nous avons désignés comme hostiles [...] Plusieurs de ces pays sont guidés par leur hostilité jusqu'à l'inconscience», a dit Dmitri Peskov à la presse. «Je pense qu'avec le temps, le bon sens prévaudra à nouveau et ceux qui font ces déclarations retrouveront leurs esprits», a-t-il ajouté.

Après avoir reconnu les restrictions d'accès au château de Vincennes en raison de l'opération militaire russe en Ukraine, le ministère des Armées a toutefois souligné que des «demandes relatives aux fonctions journalistiques» pouvaient être faites.