Entretiens

Olivier Berruyer : «On est passé de la russophobie à la russophilophobie»

Olivier Berruyer était l'invité de RT France à la suite de son décryptage sur l'organisation EU DisinfoLab. Celle-ci avait accusé des «réseaux russophiles» d'avoir amplifié la portée de l'affaire Benalla sur Twitter.

Olivier Berruyer, l'animateur du site Les Crises, spécialisé dans l'économie et la géopolitique, a publié un décryptage complet en deux parties ces 7 et 9 août, dans lequel il a largement enquêté sur l'identité de EU DisinfoLab. Prétendant lutter contre la désinformation, cette organisation a publié une étude, reprise abondamment dans les médias et aussi par le gouvernement, qui «démontre» que près de la moitié des tweets sur l'affaire Benalla ont émané de comptes liés à la sphère russophile. Or, le 8 août, l'organisation a finalement publié les dernières conclusions de son étude ne faisant plus état d'une quelconque influence russe.

RT France a également contacté Alexandre Alaphilippe, l'un des fondateurs de l'organisation EU DisinfoLab. Tandis qu'Olivier Berruyer récuse l'appellation même d'ONG pour ce qu'il considère comme une «officine» dont les méthodes révèlent les incompétences, Alexandre Alaphilippe explique : «La méthodologie que nous avons utilisée permet de comparer des interactions avec des sensibilités. Donc si vous avez partagé des publication des Russia Today ou de Sputnik, ça montre que vous êtes intéressé par ce contenu». Cependant, selon Olivier Berruyer, l'officine en question ne s'intéresse qu'à l'influence russe, preuve en est lorsque EU DisinfoLab a fait une étude sur les élections italiennes : «C'est systématique dans leur vision, c'est "y a-t-il une infuence russe ?" et c'est jamais "y a-t-il d'autres influences ?"»

Olivier Berruyer pointe en outre la responsabilité directe de Twitter qui fournit une quantité colossale d'informations à une organisation «qui sort du néant» et qui lui permet de traiter les données personnelles des utilisateurs français. Il a d'ailleurs annoncé avoir porté plainte auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) et incite toutes les personnes concernées à le faire également.

Lire aussi : Qui est UE DisinfoLab, à l'origine de l'étude sur le gonflage «russophile» de l'affaire Benalla ?