Entretiens

Expulsions de diplomates : «Aucune rupture diplomatique» pour l’ancien ambassadeur français à Moscou

Alors que l’Union européenne semble déployer un front quasi-uni en expulsant plus de cent diplomates russes, Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France à Moscou a souligné sur le plateau de RT France que le dialogue se poursuivait.

Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France à Moscou, reçu sur le plateau du journal télévisé de RT France le 27 mars, a réagi aux expulsions de diplomates russes annoncées par 23 pays occidentaux entre le 26 et le 27 mars. Selon l'ancien diplomate, la solidarité européenne s'est mise en branle pour écarter les haut-fonctionnaires russes, mais il n'y aurait paradoxalement «aucune rupture diplomatique».

Réunis au sein d'un Conseil européen le 22 mars, les pays membres ont été sensibles aux doléances du Premier ministre britannique, en réaction à l'empoisonnement d'un ancien agent double russe sur le sol britannique, empoisonnement dont Moscou dément être responsable.

Une victoire pour la manifestation de l'existence de l'Union européenne

«Les dirigeants des pays membres ont répondu à l'appel à la solidarité de Theresa May qui a exposé son point de vue, qui a probablement apporté des éléments de preuve, et qui a convaincu les participants de la réunion d’exercer une certaine forme de solidarité», a estimé l'ancien ambassadeur. «C’est une victoire pour la manifestation de l'existence de l'Union européenne», s'est-il félicité.

Ce front uni de l'Union, que quelques pays comme l'Autriche ou la Grèce n'ont pas rallié, a tenu à se montrer solidaire d'un pays qui quittera pourtant bientôt l'Union, le Royaume-Uni. Interrogé sur les grâces faites au Premier ministre britannique, l'ancien ambassadeur a argué du fait que ce pays faisait actuellement toujours partie de l’Union européenne.

Malgré le concert quasi-unanime des voix européennes, le diplomate a relativisé les conséquences de cette décision. «Il n'y a aucune rupture diplomatique : les ambassadeurs et l'essentiel de leurs équipes restent en place», a-t-il affirmé. Plus qu'une réelle mise à l'écart, le mouvement apparaît davantage comme une vexation de circonstance, à en croire Claude Blanchemaison : «Les décisions nationales prises à la suite de ce Conseil européen sont des décisions a minima.» «Il faut que le dialogue [entre Moscou et Bruxelles] s’intensifie», préconise-t-il.

Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, la Russie a déclaré qu'elle prendrait des mesures de rétorsions symétriques à l'encontre des pays ayant décidé d'expulser des diplomates russes. Moscou a qualifié ces expulsions d'«inamicales», de «provocation», expliquant que les Etats concernés suivaient «de façon aveugle» les «principes d'unité» de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).

Lire aussi : Expulsions de diplomates russes : Moscou dénonce une «provocation» et promet une réponse symétrique