Entretiens

Maurice Leroy (UDI) : «Je suis très inquiet du concept de société civile» à l'Assemblée

Dans une Assemblée nationale renouvelée à plus de 75%, le député UDI Maurice Leroy entame son cinquième mandat. Pour RT, il explique sa vision d'une opposition «constructive» et ses craintes face à l'arrivée massive de députés novices.

Face au renouvellement politique sans précédent que vient de connaître l'Assemblée nationale française, le député centriste Maurice Leroy fait figure d'exception. Avec ses cinq mandats au compteur, son expérience de ministre de la Ville sous Nicolas Sarkozy et de maire du Poislay, ce routard de la politique observe avec attention et prudence les changements majeurs du paysage politique français. Il fait part de ses observations à RT dans le cadre du Moscow Urban Forum. «Personne ne peut dire aujourd'hui ce qu'il va se passer pendant cinq ans. Il y a un an, qui aurait parié un kopeck sur l’élection d’Emmanuel Macron ? Personne.»

S'il se refuse de jouer les «Madame Soleil» ou de lire «dans le marc de café», Maurice Leroy n'hésite pas à disserter sur la vision de son parti et de son groupe parlementaire d'une «opposition constructive» : «notre objectif est d’être le plus positif possible, en fonction des invitations gouvernementales.» Pour l'ancien ministre, l'opposition systématique n'a aucun sens. Il se dit ainsi prêt à voter avec son groupe parlementaire favorablement à toute loi «qui sera utile pour la France», à l'instar, selon lui, de la réforme du code du travail. «Il y a des textes auxquels nous nous opposerons, par exemple, la suppression de la taxe d’habitation ou l’augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG), qui va peser sur les retraites, notamment sur les petites retraites.»

Prêt à défendre les positions de l'UDI et des Républicains constructifs dans l'hémicycle, Maurice Leroy l'est également pour participer «au grand mouvement de reconstruction» aujourd'hui nécessaire de la droite et du centre. Ce centriste a des idées de candidats potentiels.«Il faut sans doute un changement générationnel : une femme comme Valérie Pécresse, ou des hommes comme Xavier Bertrand ou François Baroin.» Sa préférence va d'ailleurs vers ce dernier.

Le député du Loir-et-Cher évacue les craintes d'une monopolisation du pouvoir par le parti majoritaire au sein de l'hémicycle. Lui qui a vu en vingt ans les majorités et alliances se faire et se défaire, regarde d'un œil prudent cette nouvelle assemblée. «François Hollande avait lui aussi 308 députés socialistes à l’Assemblée. Aujourd’hui, ils sont seulement 29 [...] François Hollande a subi les frondeurs. Il est possible que La République en Marche (LREM) subisse le même phénomène

A ses yeux, les premiers écueils seront visible «à l'automne», lorsque l'on pourra voir «comment le mouvement social et syndical va réagir face aux réformes qui sont nécessaires à la France».

Maurice Leroy reste néanmoins circonspect face à «cette masse de nouveaux députés» qui n'ont d'expérience ni législative, ni exécutive, ni locale en tant que maire. Selon lui, ce manque d'expérience se voit chaque jour. «Je suis un politique et j’assume de faire de la politique, et on verra ce que donnera la société civile à l'Assemblée. Je suis très inquiet de ce concept.»  

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