Entretiens

Jacques Séguéla : «Les médias ont favorisé l’élection d’Emmanuel Macron parce qu’ils ont tué Fillon»

Communicant, publicitaire et écrivain, ayant fait quelque 20 campagnes présidentielles, Jacques Séguéla explique à RT France le «phénomène Macron», le futur des campagnes politiques et le rôle des médias traditionnels.

«Les bébés sont là pour changer le monde, à condition qu’ils grandissent», note le communicant politique Jacques Séguéla en expliquant le surnom qu'il a donné à Emmanuel Macron, «bébé Cadum de la politique», après une conférence à l’Institut des relations internationales de Moscou, le MGIMO, sur la communication.

Pour Jacques Séguéla, Macron est une espèce de bébé surdoué qui a tout compris de la politique, de la communication mais surtout de l’évolution sociétale. «Au lieu de faire une campagne politique comme tous ses concurrents en France il a fait une campagne sociétale qui a au début surpris les Français», explique le gourou de la com’ pour qui l’actuel président a révolutionné tous les codes de la communication politique. Jacques Séguéla a d’ailleurs critiqué l’ancien slogan d’Emmanuel Macron «ni de gauche ni de droite» expliquant : «En publicité il ne faut jamais être négatif, la première force de Macron c’est l’optimisme», explique le communicant qui lui a fait changer de slogan pour «de gauche et de droite».

Une chose qui reste sûre pour Jacques Séguéla est que l’élection est toujours dans les mains des médias. D’où l’échec du candidat des Républicains François Fillon, qui n’a pas pu sortir de sa crise. Empêtré dans ses affaires judiciaires, il n’a jamais pu prouver son honnêteté. François Fillon a ainsi été débordé par les médias, juge Jacques Séguéla.

«Ce sont les médias qui ont favorisé l’élection d’Emmanuel Macron parce qu’ils ont tué Fillon tout comme Marine Le Pen», affirme le communicant. Cependant pour lui, les médias sont arrivés après l’opinion publique : d’abord des intellectuels, et puis l’ensemble de la population qui «s’est macronisée».

«Il ne faut pas croire que les sondages se trompent», explique Jacques Séguéla. «Les sondages sont en retard parce que ce sont les photocopies du passé». Pour lui, aujourd’hui l’élection se décide la dernière semaine, de surcroît, à en croire le communicant, 15% des votants quittent leur maison le jour de l’élection sans savoir pour qui ils vont voter. Ce qui fait que les sondages qui s’arrêtent plus de 48 heures avant le résultat ne perçoivent pas le mouvement qui va basculer.

«Le peuple veut le changement», estime Jacques Séguéla. Selon lui, ce qui a tué Hillary Clinton, ce n’est pas sa campagne mais le fait qu’elle faisait partie du clan Clinton et aussi le phénomène du «dégagisme» cher à Jean-Luc Mélenchon. 

Quant au rôle des médias, Jacques Séguéla est persuadé que les médias traditionnels ne sont pas en train de céder leur rôle au numérique. C’est la télévision et le débat qui priment dans les campagnes politiques, estime le communicant, citant l’échec flagrant de Marine Le Pen lors son débat télévisé avec Emmanuel Macron la veille du deuxième tour. «La télévision restera toujours, en tout cas pour la prochaine campagne présidentielle», affirme Jacques Séguéla pour qui internet servira de moyen de communication pour accélérer des mouvements et surtout entraîner les jeunes vers l’élection.