RT : Vous êtes à Genève, mais ne participez pas aux négociations sur la Syrie. Pourquoi ? Avez-vous été exclue ou avez-vous fait le choix de ne pas y participer ?
Randa Kassis (R. K.) : En réalité Staffan de Mistura, le médiateur de l’ONU pour la Syrie, a décidé d'exclure les participants des pourparlers d’Astana sous prétexte que la France, ou plutôt le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, a opposé son veto à la participation de la «plateforme Astana», en particulier à ma propre participation. En outre, selon Staffan de Mistura, l'Etat du Qatar a également opposé son veto à ma participation dans ces négociations. Le problème ici c'est, comment Staffan de Mistura, en tant qu'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Syrie qui devrait être impartial, comment peut-il satisfaire ces exigences ou se soumettre à un tel veto. Sans oublier que c’est la «plateforme Astana» qui a facilité les négociations sur la composante militaire de la question syrienne.
RT : A votre avis, la position de la France sur la question syrienne va-t-elle évoluer après l'élection présidentielle ? Par exemple, Marine Le Pen a fait une déclaration sur le sort du président syrien Bachar el-Assad, qui peut être considérée comme un changement radical dans la position de l'Europe, en général ?
Nous avons besoin de passer complètement au format Astana
R. K. : Je pense que nous devrions attendre jusqu'à ce qu'un nouveau président soit élu. Cependant, je crois qu’il ne faudrait pas s’attendre à un changement radical de la position française après l'arrivée du nouveau gouvernement. Il y a de nombreuses raisons à cela, regardez par exemple, l'administration Trump ! Tout nouveau gouvernement est le successeur du précédent et ne peut pas changer radicalement et immédiatement toute l'équipe. C’est exactement ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis.
RT : Pourquoi le dossier du terrorisme n’est pas discuté à Genève et sera discuté uniquement à Astana ? Astana va-t-elle devenir une plateforme politique nouvelle, une alternative à Genève ?
R. K. : Tout d'abord, notons que le format des négociations à Genève via l'ONU ne peut pas être remplacé par d'autres formats, mais on peut essayer de contribuer à la réussite de ce second format – celui d’Astana. Aujourd'hui, nous voyons que le Genève-4 est un format sans issue. Ce n’est que du bavardage, on y parle d'un gouvernement de transition, d’une nouvelle Constitution mais on n’arrive pas à trouver un accord, étant donné que ce processus de Genève n’a aujourd'hui pas de poids, que ce soit au niveau international ou à tout autre niveau. Alors oui, je crois que nous avons besoin de passer complètement au format Astana car il est là pour relancer le processus politique et parvenir à certains accords, à des plans d'action et un calendrier pour leur mise en œuvre, ainsi que de se mettre d’accord sur une vision claire de l'avenir de la Syrie. Et puis, à Genève, arriver à la conclusion logique du processus sur la base des accords conclus à Astana.