Entretiens

Général Didier Tauzin, candidat à la présidentielle : «La France n'est pas prête à faire la guerre»

Le général Didier Tauzin, candidat à la présidentielle, a répondu aux questions de RT. Souveraineté, libération de l'économie, retour à une diplomatie non-alignée... : il se fixe pour objectif de rétablir «l'unité et l'amitié françaises».

Après 36 années de vie militaire, estimant que «la France est plus divisée que jamais», le général Didier Tauzin se lance dans la course à la présidentielle et publie un livre dans lequel il expose son programme, Rebâtir le France, Mon engagement pour le quinquennat 2017-2022 

Face au constat de partis politiques «se comportant comme des entreprises qui segmentent l'électorat» selon des «divisions idéologiques», Didier Tauzin veut «mettre la politique au service des Français». 

«Il faut se donner les moyens de la souveraineté»

Didier Tauzin fait de souveraineté de la France une priorité, tout en précisant qu'il «faut s'en donner les moyens» - notamment du point de vue militaire. «Nous ne sommes pas prêts à faire la guerre», déplore-t-il, prônant ainsi l'augmentation des dépenses de Défense et la mise en place d'un service militaire

 Didier Tauzin estime qu'une refonte de l'Europe est indispensable. «Tout ce qu'on a construit à Bruxelles peut durer des années, car cela arrange quelques un», constate-t-il, mais «l'Europe est cliniquement morte». En réaction, il propose de ne maintenir que le Conseil des chefs d'Etat, afin de mettre en place une «Europe du dialogue des nations souveraines», qui permettrait de résoudre «les problèmes communs» aux pays européens.

L'Europe est cliniquement morte, mais peut durer des années, car cela arrange quelques uns

Autre condition sine qua non d'une France forte et souveraine : un véritable chef d'Etat ayant «une expérience du commandement» - expérience qu'il estime avoir acquis en tant que général de division ayant servi de nombreuses années dans l'armée de terre française. «François Hollande est chef comme je suis danseuse étoile», ironise Didier Tauzin, qui propose de modifier profondément le mandat présidentiel. Celui-ci serait ramené à sept ans, avec organisation d'un référendum révocatoire à l'issue duquel le chef d'Etat serait reconduit ou non.

Réduction de la dépense publique, sortie de l'euro et simplification fiscale

Sur le plan économique, Didier Tauzin prévoit la séparation des banques de dépôt et d'investissement, afin de «protéger partiellement la France de possibles krachs financiers». Au programme également, des mesures que l'on retrouve également chez d'autres candidats, comme des économies sur la dépense publique - «sans rien toucher d'essentiel» précise-t-il. A titre d'exemple, environ 200 milliards pourraient être économisés en quatre ans selon lui, notamment en «ramenant les retraites du public au niveau du privé sans effet rétroactif», ou en supprimant «des centaines d'impôts et taxes qui ne rapportent rien à l'Etat». L'objectif à terme de cette «bouffée d'oxygène» serait de supprimer l'impôt sur le revenu pour les ménages, permettant ainsi de «libérer un mois et demi de pouvoir d'achat par an».

Etablissant le constat d'un euro «qui a été mal construit et qui a mal vieilli», Didier Tauzin fustige la Banque centrale européenne et sa politique monétaire. Selon lui, face au risque de disparition de la monnaie unique, «il faut prendre les devants». Soulignant l'importance d'«une concertation avec les partenaires européens» sous la forme d'une «conférence monétaire européenne», il plaide pour «une nouvelle gouvernance monétaire européenne» et avance l'hypothèse de «monnaies nationales souveraines»

L'euro a été mal construit et il a mal vieilli : il faut anticiper son effondrement

Fustigeant la lourdeur du code du Travail, Didier Tauzin affirme avoir déjà rédigé un code du Travail d'à peine cent pages, qui devrait permettre de «simplifier la création d'entreprise». «En France, il n'y a pas de syndicats», affirme-t-il, dénonçant des «groupuscules d'action violente qui ne pensent qu'en termes de conflit» : selon lui, seul un véritable chef d'Etat serait en mesure de réformer le syndicalisme. Concédant que son programme a évolué depuis quelques mois, Didier Tauzin affirme que «les autres partis vont s'en inspirer».

Le retour à une diplomatie non alignée

«Il faut désigner clairement nos ennemis et nos amis», affirme Didier Tauzin, qui entend «rétablir une diplomatie non-alignée». Il constate en effet que «nous nous sommes inféodés à Washington», déplorant par exemple «la destruction de la Libye par la France sous l'égide de l'OTAN». Néanmoins, l'élection de Donald Trump et ses déclarations quant à l'organisation militaire «changent la donne», selon lui, concernant une éventuelle sortie de l'OTAN.

«Nous sommes en guerre», insiste Didier Tauzin. Il estime que la lutte contre le djihadisme exige que la France «cesse de soutenir des pays soutenant le djihadisme, comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite». A l'inverse, «tout ce qui ne sont pas des ennemis peuvent devenir des amis», estime-t-il, dans l'objectif d'une diplomatie «radicalement orientée vers la paix». Craignant que le siècle à venir de soit marqué par la guerre, il réclame un rapprochement avec les pays qui combattent le terrorisme.