Economie

Embargo pétrolier au Venezuela : Maduro salue des mesures «significatives» de Washington

Les Etats-Unis ont accordé des licences à plusieurs compagnies pétrolières afin d'opérer au Venezuela. Pour autant, cette mesure ne présage guère d'un revirement de la politique étrangère de Washington vis-à-vis de Caracas.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a salué le 4 juin les «mesures légères mais significatives» prises par les Etats-Unis pour «accorder des licences» à des compagnies pétrolières afin qu'elles puissent opérer au Venezuela dans le cadre d'un allègement des sanctions économiques contre le pays sud-américain.

«Il y a une semaine, les Etats-Unis ont pris des mesures légères mais significatives en accordant des licences à [l'entreprise américaine] Chevron, à [l'italienne] Eni et à [l'espagnole] Repsol pour commencer les processus de production de gaz et de pétrole au Venezuela afin de les exporter vers ses marchés naturels», a déclaré le président dans une interview accordée à une station de radio argentine, dont le compte Twitter présidentiel a publié des extraits.

La Maison Blanche a annoncé le 17 mai l'allègement de certaines des sanctions imposées en 2019, notamment un embargo pétrolier, visant à évincer du pouvoir Nicolas Maduro, réélu en 2018. Cet allègement des sanctions entrait dans le cadre de la promotion du dialogue entre le pouvoir et l'opposition, soutenue par Washington, suspendu en octobre dernier et qui n'a pas encore repris.

Interrogé par RT France, Julian Calfuquir, secrétaire national du Parti de gauche et spécialiste de l'Amérique du sud, explique : «Les Etats-Unis essayent de réorienter leurs priorités géopolitiques [...] et ils essayent de réchauffer les relations avec le Venezuela pour pouvoir favoriser leur politique au niveau international.»

La politique américaine à l'égard du Venezuela reste inchangée 

Un haut responsable américain avait cependant martelé que la politique américaine à l'égard du Venezuela demeurait inchangée : les sanctions seront «allégées» en cas d'avancées vers la démocratie et des élections «libres», et «alourdies» si le processus déraille.

Ce haut responsable de l'administration Biden avait souligné que cet «allègement de sanctions» concerne avant tout une «dérogation limitée» octroyée au groupe pétrolier américain Chevron dans le cadre de l'embargo. Cette société pourra «négocier les termes de potentielles futures activités au Venezuela», sans toutefois conclure de nouvel accord avec la compagnie nationale vénézuélienne PDVSA, selon ce responsable.

Cette source n'a pas nommé Eni ou Repsol mais la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez avait affirmé avoir «vérifié et confirmé» que la mesure incluait les entreprises européennes. «Pour le moment ce sont juste des mesures qui concernent l'autorisation de pourparlers avec certaines entreprises [...] pour pouvoir, dans le futur, reprendre leurs activités pétrolières [...] Nous ne sommes pas encore sur une normalisation des relations entre Washington et le Venezuela», analyse Julian Calfuquir.

D'après lui, la décision américaine provient d'un «concours de circonstances» notamment en raison du conflit en Ukraine et de la tension dans les relations avec la Chine.

Un Sommet des Amériques est organisé du 6 au 10 juin à Los Angeles auquel les Etats-Unis, en tant que pays-hôte, n'ont invité ni Cuba, ni le Venezuela ni le Nicaragua. Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador avait annoncé qu'il pourrait boycotter le prochain sommet des Amériques en réponse au refus de Washington d'inviter ces trois pays. Les autorités étasuniennes ont expliqué que l'«engagement» envers la démocratie serait le facteur qui serait pris en compte pour décider qui serait invité au Sommet.

L’allègement des sanctions pour favoriser l'implantation de compagnies pétrolières au Venezuela coïncide avec le durcissement des sanctions antirusses prises par les alliés occidentaux de Kiev et qui ont provoqué une flambée du prix du baril.