«Nous vous mettons en demeure de cesser dans les plus brefs délais toutes relations d'affaires et commerciales dans le secteur nucléaire contribuant à la violation des droits humains et libertés fondamentales par l’Etat russe», a écrit Greenpeace dans des courriers distincts, datés du 21 mars et rendus publics le lendemain, adressés aux dirigeants d’EDF et d’Orano.
L'ONG dresse une liste de contrats liant EDF et ses filiales à Rosatom, dans des domaines variés : combustibles, construction et exploitation de réacteurs. Côté Orano, l'ex-Areva, Greenpeace note d'autres contrats concernant les déchets radioactifs et le retraitement de l’uranium.
Le secteur de l'énergie n'est pour l'instant pas concerné par les sanctions européennes contre Moscou à la suite de son offensive militaire en Ukraine que les Occidentaux qualifient d'invasion. Greenpeace se réfère toutefois aux «mesures de vigilance» prévues dans le Code du commerce, qui oblige les entreprises à prévenir les atteintes aux droit humains ou encore à l'environnement.
«De toute évidence, la guerre de l'Etat russe à l'Ukraine – en violation des droits humains et du droit international humanitaire – ainsi que la mainmise russe sur les centrales nucléaires ukrainiennes avec la complicité de Rosatom, violent toutes les règles de sûreté et de sécurité nucléaire aux niveau international, européen et national», estime Greenpeace dans ses lettres.
«Complices»
EDF et Orano se rendent «complices» de ces violations en ne mettant pas fin à leurs relations commerciales, selon l'ONG.
«On ne peut que regretter le cynisme de Greenpeace qui instrumentalise le drame que vit le peuple ukrainien pour promouvoir son idéologie antinucléaire», a réagi un porte-parole d'Orano, qui n'avait pas encore eu accès à la mise en demeure, cité par l’AFP.
«Les autorités françaises et européennes ont décidé de sanctions ciblées et potentiellement évolutives. Nous appliquons strictement les mesures décidées par les autorités et continuerons à le faire», a-t-il ajouté. EDF n'était pas en mesure de commenter dans l'immédiat.