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La France envoie-t-elle ses déchets nucléaires en Russie ? Rosatom dément

Dans un communiqué, l'entreprise publique russe spécialisée dans l'énergie nucléaire a expliqué que son contrat avec la France portait sur de «l'uranium de retraitement» et non sur des déchets nucléaires, comme l'avait affirmé Yannick Jadot.

Reprenant une affirmation notamment proférée par l'ONG Greenpeace, Yannick Jadot, candidat du Pôle écologiste à la prochaine élection présidentielle, a récemment affirmé que la France envoyait ses «déchets» nucléaires en Russie. Mais qu'en est-il réellement ?

Dans un communiqué transmis à RT France le 23 novembre, Rosatom a tenu à préciser la nature du contrat signé avec la France. L'entreprise publique russe spécialisée dans le secteur de l'énergie nucléaire souligne ainsi que ce contrat porte sur la fourniture d'uranium de retraitement – pouvant être réutilisé comme combustible dans certaines centrales après retraitement – et non sur des déchets nucléaires.

Le communiqué de Rosatom détaille la situation en ces termes : «Le contrat ne prévoit ni la fourniture ni le stockage de déchets nucléaires. Le contrat porte sur la fourniture d'uranium de retraitement en provenance de France pour les besoins internes de l'industrie nucléaire russe.» 

L'utilisation d'uranium de retraitement français permet d'économiser l'équivalent de plusieurs années d'extraction d'uranium naturel

«L'uranium de retraitement est l'uranium récupéré lors du traitement du combustible nucléaire usé. Une fois enrichi ou mélangé à de l'uranium enrichi ou naturel, l'uranium de retraitement peut être utilisé comme combustible dans les réacteurs à eau légère et les réacteurs à graphite-gaz. [...] L'utilisation d'uranium de retraitement français permet d'économiser l'équivalent de plusieurs années d'extraction d'uranium naturel», explique ensuite le Rosatom dans son communiqué.

L'entreprise russe précise enfin que cette pratique permet de «réduire la charge environnementale de l'industrie nucléaire dans son ensemble» et répond ainsi «pleinement aux défis de l'époque et aux objectifs du développement durable».

Des accusations reprises dans un rapport de Greenpeace

«Nos déchets [nucléaires] on les envoie en Russie», avait affirmé Yannick Jadot dans l'émission On est en direct diffusée sur France 2 dans la nuit du 20 au 21 novembre derniers. «Vous faites confiance aux Russes pour gérer nos déchets?», avait-il ensuite demandé à ses interlocuteurs, avant d'appeler les Français à être «un peu responsables de [leurs] pollutions». 

«On envoie nos déchets à nous en Russie? Ça j'ai jamais entendu», lui avait alors rétorqué le reporter et réalisateur écologiste Yann Arthus-Bertrand. «Si, alors ça vous pouvez vérifier!», avait répondu sans hésitation Yannik Jadot.

Cette affirmation est contenue dans un rapport de l'ONG Greenpeace intitulé «Déchets nucléaires français : aller simple pour la Sibérie». Ce rapport emploie à plusieurs reprises le terme de «déchet nucléaire» pour désigner l’uranium de retraitement. Or, comme l'indiquait le CheckNews de Libération, ce type de matériau n’est pas classé comme tel mais comme «matière radioactive» car, comme défini à l’article L542-1-1 du code de l’environnement, elle peut être recyclée et servir de nouveau de combustible pour les centrales, sous le nom d’uranium de retraitement enrichi.