Une menace sur le système financier mondial ? Dans un communiqué publié le 16 février, le Conseil de stabilité financière (FSB pour l'acronyme anglais) - qui regroupe les régulateurs nationaux des marchés financiers, les présidents de banques centrales et des représentants des ministères des Finances des pays membres du G20 - met en garde contre les «risques émergents» liés à l'essor des cryptomonnaies, qui se frayent peu un peu un chemin dans l'économie.
Réticentes pendant un certain temps, les institutions financières traditionnelles s'impliquent désormais dans le secteur des cryptoactifs : en témoigne, rappellent les Echos, le lancement d'un fonds indiciel coté (ETF) investi dans des contrats à terme sur le bitcoin à la Bourse de New York, mi-octobre 2021.
Cette intronisation inquiète le FSB, qui relève la croissance rapide du marché des cryptomonnaies. Celui-ci pèse désormais 2 600 milliards de dollars, soit «seulement» 1% des actifs financiers mondiaux, mais sa taille a été multipliée par 3,5 en 2021. Au-delà des cryptomonnaies les plus connues telles que le bitcoin, le FSB s'inquiète du développement d'un écosystème financier alternatif englobant les NFT (jetons cryptographiques non fongibles auquel un certificat d'authenticité est attaché). Deux facettes préoccupent l'institution : l'importance croissante des stablecoins, ces cryptomonnaies censées garantir un taux de change fixe contre des monnaies comme le dollar, et le développement de la finance décentralisée (DeFi).
Les premiers, contrairement à ce que leur nom suggère, peuvent être sujets à des mouvements brusques, selon le FSB. Or, en cas de défaillance d'un stablecoin important, «il est possible que la liquidité au sein de l'écosystème plus large des cryptoactifs s'assèche, ce qui perturberait les échanges» relève le Conseil, alertant sur de possibles répercussions sur les marchés de financement à court terme «si les réserves de stablecoins étaient liquidées de manière désordonnée». Quant à la finance décentralisée, elle porterait également bien mal son nom puisqu'il n'existe qu'«un nombre relativement faible de plates-formes de négociation de cryptoactifs». De plus, une série d'entre elles opèrent en dehors des cadres réglementaires existants. Une situation qui présente un potentiel «de concentration des risques» et qui «souligne le manque de transparence de leurs activités», souligne le FSB.
Sans pronostiquer une crise imminente, le FSB avance que «les risques financiers pourraient rapidement s'intensifier» et, tout en annonçant rester vigilant, n'exclut pas de renforcer le cadre réglementaire. Le «faible niveau de compréhension des cryptoactifs par les investisseurs et les consommateurs» figure également parmi ses points d'alerte.