Economie

Pour le président du Medef, la réforme des retraites est «morte et enterrée»

Le patron des patrons a jugé que la réforme des retraites était condamnée parce que ni les partenaires sociaux ni les citoyens n’y sont prêts selon lui. Il juge toutefois, comme le ministre du Budget, qu’une réforme est toujours nécessaire.

La réforme du système des retraites − un des projets emblématiques du quinquennat d’Emmanuel Macron − est-elle condamnée à être ajournée sine die ? C’est l’avis du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui l’a jugée «morte et enterrée» le 15 mars, sur Franceinfo.

A quelques heures de la troisième conférence sociale à Matignon, où il devait rencontrer les syndicats et le gouvernement, le chef du patronat français a jugé que cette réforme «mal expliquée, mal préparée depuis le début du quinquennat» était condamnée «parce que les esprits ne sont pas prêts que ce soit côté partenaires sociaux ou tout simplement côté citoyen».

Geoffroy Roux de Bézieux a toutefois estimé que le système de retraites était «le sujet numéro 1 d'inquiétude des Français» et a même avancé, sur la foi «d’études qu’on fait», que les Français avaient «compris que la retraite par répartition dans une démographie qui se réduit posait un problème» et conclu : «Donc il faut faire quelque chose.»

Le jour même, paraissait dans Les Echos une interview des ministres de la Santé Olivier Véran et des Comptes publics Olivier Dussopt, dans laquelle ce dernier annonçait des nouvelles moins mauvaises que prévu quant à l’équilibre de la branche vieillesse de la Sécurité sociale : un déficit de 3,7 milliards d'euros en 2020, au lieu des 8,6 milliards attendus.

La «question du calendrier»

Dans cet interview le ministre a néanmoins jugé que la réforme des retraites restait «utile et nécessaire pour construire un système plus juste [...] et pour faire face aux déficits prévisionnels de grande ampleur du système de retraites». Le ministre de l’Action et des Comptes publics a toutefois concédé que «la question du calendrier» relevait du président de la République.

Vous êtes dingues !

Dès le lendemain, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, cité par l’AFP, estimait pour sa part «totalement irresponsable de remettre sur la table la réforme des retraites». Réagissant aux propos du ministre tenus dans Les Echos, il a ajouté : «Si cette petite musique, ça veut dire que des ministres ou d'autres pensent qu'on peut faire une réforme paramétrique, c'est-à-dire augmenter l'âge d'ici la fin du quinquennat, je leur dis "vous êtes dingues !".»