Economie

Ukraine : pas d’aide supplémentaire du FMI sans réformes

Alors que l’Ukraine est lourdement endettée et encore affaiblie par les effets de l’épidémie de Covid-19, le Fonds monétaire international conditionne le versement d’une deuxième tranche d’aide à des réformes.

Goesta Ljungman, représentante du Fonds monétaire international (FMI) a demandé le 13 février depuis Kiev au gouvernement ukrainien davantage de réformes avant de pouvoir lui octroyer la deuxième tranche de son aide dont le principe a été acquis en juin.

Les discussions ont porté sur le renforcement de la gouvernance de la Banque nationale ; des améliorations du cadre législatif et réglementaire de la surveillance des banques ; une réduction du déficit budgétaire à moyen terme ; une législation rétablissant et renforçant le cadre de lutte contre la corruption et le système judiciaire ; et la politique énergétique.

Dans un communiqué cité par l’AFP, le FMI juge que les dernières discussions avec Kiev ont été «productives mais [que] davantage de progrès sont nécessaires [et que] les discussions vont continuer».

Le Fonds a entériné début juin un programme d'aide à ce pays de cinq milliards de dollars (4,4 milliards d'euros) avec un déblocage immédiat de 2,1 milliards de dollars pour le soutenir face à la pandémie causée par le coronavirus.

Les quatre autres tranches étaient attendues en 2020 et 2021, mais aucune n'a encore été versée en raison de la lenteur des réformes dans cette ex-république soviétique de quelque 40 millions d'habitants, un des Etats les plus pauvres d'Europe. Le FMI s'inquiète notamment pour l'indépendance de la Banque centrale et celle de nouvelles structures de lutte contre la corruption, selon l'agence de presse Interfax-Ukraine.

«Le principal obstacle à l'arrivée d'une nouvelle tranche du FMI est la réticence des autorités à mettre fin au système de corruption», a estimé cette semaine le Centre de stratégie économique à Kiev cité par l’AFP. Il a ajouté qu’il était «crucial d'obtenir une décision positive du FMI avant septembre», lorsque l'Ukraine devra acquitter d’importantes échéances au titre du remboursement de sa dette extérieure.

Moins de quatre mois de réserves de change

Il est vrai que l’horizon économique de l’Ukraine, dont le commerce extérieur est déficitaire, est relativement bouché : sa Banque centrale a dépensé une partie importante de ses réserves de devises pour soutenir la monnaie nationale, la Hryvna et ne dispose, selon les données du FMI, que de moins de quatre mois de réserves pour faire face à ses importations courantes.

La mission du FMI a mené des négociations avec l'Ukraine de fin décembre au 12 février pour évaluer ses progrès en matière de réformes et décider de recommander ou non le versement de la deuxième tranche du crédit approuvé en 2020. Cette aide du FMI s’ajoute à celles de la Banque mondiale et de l’Union européenne (UE).

En 2020, le produit intérieur brut de l’Ukraine a chuté à environ 135 milliards de dollars (111 milliards d’euros). Son PIB par habitant pondéré en pouvoir d’achat est deux fois inférieur à celui de la Biélorussie et cinq fois inférieur à celui de la moyenne de l’Union européenne. La dette qui représente 93% du PIB pèse lourdement sur les finances publiques. Sa charge (remboursement de l’intérêt et du principal) représentait en 2020 près de 15% du PIB.

En raison d’un climat des affaires peu attractif, le pays ne réussit à attirer que très peu d’investissements productifs. Enfin, l’activité économique de l'Ukraine est, et devrait rester durablement, plombée par un exode de population important. Selon une note de la direction générale du Trésor français publiée en décembre : «La population ukrainienne aurait diminué bien au-delà des chiffres officiels et serait désormais, selon certaines estimations, proches de 38 millions contre 42 millions selon les chiffres officiels.»