Economie

Affaire Navalny et Nord Stream 2 : Le Drian demande de ne «pas confondre les sujets»

Le ministre français des Affaires étrangères exclut de faire pression sur l’Allemagne pour qu’elle renonce au projet de gazoduc Nord Stream 2 en guise de sanction contre la Russie pour l’arrestation de l’opposant russe Alexeï Navalny.

Interrogé ce 3 février sur Europe 1 sur un éventuel lien que pourrait faire Paris entre l’«affaire Navalny» et le projet de gazoduc russo-européen Nord Stream 2, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian s'est montré catégorique : «Il ne faut pas confondre les sujets.» La journaliste Sonia Mabrouk voulait en effet savoir si la France «[faisait] pression pour l’abandon du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit relier la Russie à l’Allemagne».

«Nous avons avec les Allemands une discussion sur Nord Stream, mais qui concerne essentiellement les enjeux de souveraineté énergétique européenne», a précisé le ministre. «Je ne vais pas m’immiscer dans les choix énergétiques allemands», a ajouté Jean-Yves Le Drian.

Deux jours plus tôt, le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, avait pourtant soutenu sur les ondes de France Inter que la France était favorable à l’abandon de ce projet. «L'option Nord Stream est une option qui se regarde», avait-il déclaré précisant : «C'est une décision allemande puisque c'est un gazoduc qui est en Allemagne et nous avons toujours dit que nous avions les plus grands doutes sur ce projet.»

Pourtant, la société énergétique Engie, majoritairement détenue par l’Etat français, est partie prenante du projet Nord Stream 2 – d’un coût total de plus de 9 milliards d’euros – à la même hauteur que quatre autres énergéticiens européens : l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et les allemands Uniper et Wintershall.

En juillet 2016, avant même le début de la construction du gazoduc Nord Stream 2, qui doit doubler la capacité actuelle du premier tronçon du gazoduc sous-marin Nord Stream pour la porter à 110 milliards de mètres cube par an, le projet rencontrait déjà une vive opposition des Etats-Unis et de certains pays d’Europe centrale.

Dans ce contexte, Gérard Mestrallet, qui présidait alors l’énergéticien français Engie, avait déclaré à RT France : «Le projet Nord Stream 2 renforcera la sécurité énergétique de l’Europe occidentale».